Jacqueline Cochran/Jacqueline Auriol : elle contre elle, ailes contre ailes

Rivales dans les airs, les deux Jacqueline, Auriol et Cochran, étaient surtout amies sur terre © RTBF/Indigenes

Toutes deux se prénommaient Jacqueline. Toutes deux étaient aviatrices. Toutes deux rêvaient de voler toujours plus vite. Ce samedi à 22h15, La Trois diffuse le documentaire «Aile contre aile. Jacqueline Cochran/Jacqueline Auriol»

Fifres, cuivres et violons, musique tonitruante : en ce 31 mai 1955, la séquence des actualités commence dans les salles obscures des cinémas français. Sur le grand écran, en noir et blanc, un avion apparaît. C’est un Dassault Mystère IV. Pas un petit coucou, un avion de chasse. À l’arrêt sur la piste du centre d’essais en vol de Brétigny-sur-Orge, il attend son pilote. Et cette fois, le pilote est une femme. Combinaison de vol, cheveux coupés courts, Jacqueline Auriol monte les marches qui la séparent du cockpit, enfonce son casque, décolle.

Jacqueline Auriol © Bettmann Archive

Quelques minutes plus tard, lorsque l’avion se pose, c’est la femme la plus rapide du monde que le tarmac accueille : à 38 ans, Jacqueline Auriol vient de voler à 1.151 km/h. Plus vite que son éternelle rivale américaine.

L’autre Jacqueline

Elle aussi s’appelle Jacqueline, Cochran en l’occurrence. Et elle n’a pas dit son dernier mot dans le match qui l’oppose à la Française depuis plusieurs années. Plus âgée que sa rivale d’une dizaine d’années, elle est considérée aux États-Unis comme une pionnière de l’aviation, une véritable icône.

Jacqueline Cochran © Bettmann Archive

Pendant la guerre, Jacqueline « Jackie » Cochran a dirigé des femmes dans les airs. Elle s’évertue par la suite à battre record de vitesse sur record de vitesse à bord des jets les plus véloces de l’US Air Force. Le 18 mai 1953, elle décroche le graal. Aux commandes d’un Canadair F-86 Sabre, elle devient la première femme à voler plus vite que la vitesse du son.

La bataille des femmes

Depuis deux ans, une vraie (et saine) rivalité oppose Jackie, ancienne esthéticienne extravertie, à Jacqueline, réservée, belle-fille du président français Vincent Auriol. Deux mondes et deux personnalités différentes, mais un point commun : la passion pour l’aviation et l’envie d’être la meilleure, la plus rapide. Les épisodes de leur duel de haut vol se succèdent. Toujours plus vite. Entre 1951 et 1963, la Française décroche cinq fois le titre de femme la plus rapide du monde. Sa rivale et amie américaine effectue un vol à 16.841 mètres d’altitude. En 1962, Jacqueline Auriol réussit l’exploit d’atteindre la vitesse de 1.850 km/h, battant ainsi le record de Jacqueline Cochran. Celle-ci prend sa revanche en 1964. À 57 ans, elle franchit la barre des 2.095 km/h. Elle se retire de la compétition.

Plus près des étoiles

Une rivalité, une passion, puis deux vies qui s’éteignent. « Au moment de sa mort en 1980, Jacqueline Cochran détenait plus de records de vitesse, d’altitude et de distance que tout autre pilote, homme ou femme, de l’histoire de l’aviation », lui rend hommage le Musée national américain de l’air et de l’espace. Quant à Jacqueline Auriol, quand elle décède le 11 février 2000 à l’âge de 80 ans, un anonyme laisse cette épitaphe : « Si on devait résumer sa vie, cette phrase serait la plus appropriée : vivre pour voler ou voler pour vivre. »

Cet article est paru dans le Télépro du 6/3/2025

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