Arte propose ces lundi et mardi à 16h35 un documentaire sur «L’Amazonie européenne», nom donné à la plus vaste zone humide continue d’Europe centrale, tant sa biodiversité est étonnante.
Nous ne sommes pas en Amérique du Sud, mais dans la réserve de biosphère transfrontalière Mura-Drava-Danube, la plus grande zone fluviale protégée du continent européen. Elle s’étend sur cinq pays : l’Autriche, la Slovénie, la Hongrie, la Croatie et la Serbie. Ce sanctuaire naturel couvre un million d’hectares. Il est traversé par 700 km de cours d’eau, dont la Drave, la Mur et le Danube.
Inscrite à l’Unesco
Pourquoi ce surnom ? La réserve est surnommée l’Amazonie européenne en raison de sa biodiversité exceptionnelle, de ses forêts alluviales, de ses zones humides et prairies inondables qui rappellent les paysages amazoniens. C’est un sanctuaire pour des centaines d’espèces. L’Unesco a reconnu en 2021 cette région comme réserve de biosphère transfrontalière, une première mondiale. Elle est considérée comme un modèle de conservation, de résilience climatique et de développement durable.

La Drave prend sa source dans les Dolomites et coule à travers l’Italie, l’Autriche, la Slovénie, la Croatie, la Hongrie, avant de rejoindre le Danube dans le parc naturel Kopački Rit, en Croatie. Les grandes plaines qui s’étendent le long de la Drave et du Danube sont régulièrement soumises à d’importantes crues saisonnières. L’écosystème fluvial abrite une foisonnante diversité végétale et animale…
Une fauneexceptionnelle
On y trouve des espèces emblématiques et des oiseaux remarquables : le pygargue à queue blanche construit son gigantesque nid au sommet des arbres, le balbuzard pêcheur profite des eaux riches en poissons, la cigogne noire reprend des forces avant son voyage pour l’Afrique, le cingle plongeur et le martin-pêcheur d’Europe plongent dans le courant pour chasser leurs proies. Des colonies d’hirondelles de rivage et de grands cormorans viennent se reproduire. D’autres oiseaux migrateurs s’y abritent comme la huppe fasciée, l’engoulevent d’Europe, la sterne naine et l’oie cendrée.

Parmi les mammifères, citons la marmotte, la loutre, le castor, le sanglier, le chacal doré et le cerf élaphe. Les cours d’eau abritent l’esturgeon du Danube, le silure glane, le nase commun, le brochet et la carpe sauvage. Les zones humides attirent la grenouille verte, la libellule, la salamandre, des papillons rares et la cistude d’Europe, petite tortue d’eau douce.
Modèle de gouvernance
La réserve Mura-Drava-Danube est protégée grâce à une coopération internationale unique, des statuts juridiques forts (Unesco, Natura 2000, Ramsar) et des actions concrètes de restauration écologique et de gestion durable. Les cinq pays concernés coordonnent leurs politiques de gestion des rivières, de lutte contre la pollution et de préservation des habitats.

Des programmes de suivi de la biodiversité permettent d’adapter les mesures de protection. La réhabilitation de zones humides et la suppression de digues artificielles redonnent aux rivières leur dynamique naturelle. La pêche et l’exploitation forestière sont régulées, les constructions sont limitées. Et les populations locales sont impliquées dans la protection de leur environnement.
Résilience climatique
Les objectifs à long terme sont de restaurer les plaines inondables pour réduire les risques de crues et stocker le carbone, de promouvoir un tourisme écologique et des pratiques agricoles respectueuses. La défense de l’Amazonie européenne repose donc sur une triple alliance entre protection juridique, coopération internationale et implication locale. Un modèle pour d’autres régions du monde confrontées aux mêmes défis !
Cet article est paru dans le Télépro du 20/11/2025