Le putois, puant mais épatant ! 

Le putois est un prédateur utile aux agriculteurs… Il se nourrit notamment de rongeurs considérés comme nuisibles (rats, souris, rats musqués) et contribue à maintenir l’équilibre des écosystèmes. © Palearctic Films

« Au village, sans prétention, j’ai mauvaise réputation. Je ne fais pourtant de tort à personne…» Le putois d’Europe pourrait reprendre à son compte la chanson de Brassens, tant il est victime de sa mauvaise réputation. À tort !

S’il est réputé pour les odeurs désagréables qu’il libère face au danger, le putois d’Europe est en réalité peu étudié et rarement filmé. Arte nous propose, ce mardi à 16h40, un documentaire, tourné en Espagne, sur ce carnivore méconnu et ses impitoyables techniques de chasse.

Chasseur infatigable

Petit mammifère carnivore de la famille des mustélidés, le putois d’Europe est présent sur tout le continent, y compris en Belgique où il privilégie les zones humides. Sa particularité la plus connue réside dans ses glandes anales, qui produisent un liquide nauséabond expulséen aérosol quand il se défend ou marque son territoire. C’est un carnivore opportuniste et son menu est varié : petits mammifères, lapins, oiseaux, amphibiens, œufs, reptiles, rongeurs, invertébrés… Il régule ainsi leurs populations. C’est aussi un bon indicateur de la qualitédes milieux humides.

Parade nuptialemouvementée

Cet animal nocturne et solitaire est particulièrement discret, mais à la saison des amours, il s’adonne à un singulier rituel d’accouplement. Le mâle et la femelle échangent des signaux olfactifs et émettent des phéromones. Il la renifle intensément et adopte des postures de soumission ou de domination. La parade inclut souvent des courses, des sauts et des roulades, qui permettent aux partenaires de tester leur compatibilité. L’acte peut ensuite durer plusieurs heures car la femelle ne libère ses ovules qu’après stimulation. La vie amoureuse des putois est donc plutôt mouvementée !

Bye bye !

Après l’accouplement, les partenaires se séparent. Le mâle retourne à sa vie solitaire, les femelles élèvent et nourrissent seules leurs petits. Chaque jour, elles leur apportent des proies fraîches. En période d’abondance, les putois se constituent des réserves : il leur arrive de stocker des proies vivantes dans leur terrier, après les avoir mutilées pour les rendre incapables de s’enfuir !

Espèce protégée

L’espèce est plutôt bien représentée en Wallonie. Mais elle connaît actuellement un déclin important, comme dans les pays voisins, aggravé par plusieurs causes : destruction des zones humides, intensification agricole, collisions routières, concurrence des espèces exotiques envahissantes, chasse et piégeage. C’est une espèce intégralement protégée, inscrite à une Directive européenne, et son rapportage est obligatoire. Depuis 2021, le putois a été retiré de la liste des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD), ce qui interdit son piégeage et sa chasse systématique.

Le saviez-vous ?

• Putois vient de « putor », en latin, qui signifie odeur nauséabonde.

• On confond souvent le putois avec la moufette (photo ci-dessous), sa cousine d’Amérique du Nord, que l’on retrouve dans de nombreux dessins animés, dont « Bambi ».


Getty Images


• Pourquoi dit-on « crier comme un putois » ? Parce que le petit mustélidé pousse des cris perçants et stridents lorsqu’il est en danger.

Cet article est paru dans le Télépro du 30/10/2025

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