Les chiens sont-ils capables de parler ?

Visiblement, les chiens ont beaucoup à nous dire ! © Getty Images/iStockphoto
Christine Masuy Journaliste

Grâce à un tapis de mots, Christina dialogue avec son chien. Sur le Web, ses vidéos sont devenues virales. Elles interrogent sur la communication animale.

Cela ressemble à un tapis de jeu, posé au sol, comme il en existe pour les jeunes enfants. Mais celui-ci est destiné à un chien. Il compte une quarantaine de gros boutons, chacun associé à un mot simple et familier : sortir, manger, eau, friandise, câlin… Ce tapis a été mis au point par la Californienne Christina pour sa chienne, Stella, une croisée catahoula et bouvier australien. La jeune femme partage l’expérience sur son compte Instagram (#hunger4words). On peut y voir quelques vidéos surprenantes. Ainsi celle où Stella appuie successivement sur les boutons « parc » et « vouloir ». Christina lui dit : « Tu veux aller au parc ? Il est trop tard ! » Le chien vient alors se frotter contre les jambes de sa maîtresse. « Tu veux vraiment qu’on aille se promener ? », demande Christina. La chienne retourne vers le tapis et appuie sans hésiter sur trois boutons : « oui », « vouloir », « dehors ». « Stella est le premier chien qui parle », affirme sa propriétaire, qui réunit plus de 800.000 abonnés sur les réseaux sociaux.

Stella communique avec sa maîtresse grâce à un tapis de boutons. Ses vidéos sont devenues virales. © Christina Hunger

Les Chiens peuvent-ils parler ? », c’est la question que pose le documentaire d’Arte, ce samedi à 22h25.

Comme un enfant

Christina est orthophoniste. Elle travaille avec des enfants qui ont du mal à s’exprimer. Il y a six ans, elle a adopté un jeune chien. Très vite, elle a été impressionnée par le langage corporel du petit animal : ses aboiements, ses gémissements, mais aussi sa patte qui demande ou son regard qui exprime plein de choses. « Je me suis dit qu’elle communiquait comme un enfant avant qu’il sache parler », explique l’orthophoniste. « Que se passerait-il si elle avait un autre moyen de s’exprimer ? » Christina installe alors un gros bouton devant la porte. Chaque fois qu’on appuie dessus, on entend « dehors ». Au début, c’est la maîtresse qui appuie. Mais la chienne se prête rapidement au jeu et appuie sur le bouton quand elle veut sortir. Peu à peu, Christina ajoute d’autres boutons. On en compte désormais une quarantaine, avec lesquels Stella combine parfois jusqu’à cinq mots.

Gare au fake

L’expérience de Christina a fait des émules sur les réseaux sociaux. Ces vidéos ont interpellé un linguiste de l’université de San Diego. Dans l’une d’elles, on voit un chien appuyer sur le bouton « fâché ». Sa maîtresse lui demande pourquoi il est fâché. Le chien appuie alors sur le bouton « aïe ». Et ainsi, dans ce qui ressemble à une conversation, le chien explique qu’un corps étranger le fait souffrir. Puis il tend la patte à sa maîtresse, qui y trouve une épine coincée entre les coussinets. Le professeur est néanmoins prudent. Ça pourrait être un fake. Ou le résultat d’un apprentissage.

Dix mille chiens

Pour tirer les choses au clair, l’université de San Diego a lancé une expérience avec le tapis de Christina sur dix mille chiens dans une cinquantaine de pays. En deux ans, dix millions de pressions ont été enregistrées. Premier constat : les chiens n’appuient pas au hasard. Si tel était le cas, tous les boutons auraient la même probabilité d’être utilisés. Or trois boutons sont clairement privilégiés : dehors, jouer et nourriture. 50 % des pressions visent à exprimer une demande (manger, sortir…), 12 % ont pour objectif de raconter quelque chose, 10 % traduisent une frustration, 8 % veulent simplement attirer l’attention. On sait depuis longtemps que les chiens et les humains se comprennent bien. Mais les chiens pourraient-ils vraiment partager notre langage ?

Cet article est paru dans le Télépro du 23/10/2025

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