Les collemboles, génies méconnus des sols

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Présents sur Terre depuis 400 millions d’années, les collemboles vivent dans tous les milieux en contact avec le sol. Terre, roches, troncs et sous-sols en regorgent. Et leur rôle est indispensable !

À quelques millimètres sous nos pieds, ça rampe, ça se faufile, ça crapahute dans un grouillement constant. Minuscules et particulièrement nombreux, les collemboles sont partout : dans les sols, les mares, la canopée des forêts, les montagnes, les glaciers, les déserts et les toundras. Dans chaque mètre carré de tous les écosystèmes terrestres, on en dénombre plusieurs milliers. Mardi à 16h35, Arte vous invite à leur rencontre avec le documentaire « Planète collemboles – La vie secrète des sols ».

Des milliers d’espèces différentes

Extérieurement, ils présentent des profils très divers. Leur taille varie de 0,2 à 6 millimètres, quelques géants atteignent le centimètre. Ils ont une tête, deux antennes, un thorax, un abdomen, six pattes. Leur corps est parfois recouvert d’écailles ou bien hérissé de poils.

Les collemboles sont équipés d’un organe spécifique : le collophore, appendice en forme de tube. Deux vésicules extensibles translucides en sortent. Ces minuscules tuyaux absorbent liquides et nutriments. Une autre caractéristique majeure est la furca, appendice abdominal sauteur qui leur permet de fuir en se propulsant. Ceux qui vivent en altitude ou dans les glaciers secrètent des composés de sucres et de protéines qui agissent comme un antigel.

Êtres à part

Si ces bestioles ressemblent à des insectes, ils n’en sont pas. Dotés d’un corps fin ou globuleux, sans ailes, équipés d’ocelles (yeux simples), ce sont des êtres à part, classés parmi les Arthropodes pancrustacés. À ce jour, 9.000 espèces de collamboles ont été répertoriées dans le monde, dont 2.200 en Europe. De nouvelles espèces sont fréquemment découvertes, et les scientifiques estiment que plus de 30.000 restent à découvrir.

Un rôle écologique majeur

Ces invertébrés participent au recyclage de la matière morte des sols. Chaque espèce joue sa partition. Les vers de terre, les termites, les fourmis creusent des galeries, aèrent la terre. Les collemboles, eux, sont des régulateurs. Ils empêchent qu’une prolifération excessive de bactéries et de champignons microscopiques ne dégrade la végétation. Car les collemboles sont omnivores. Grâce à eux, le recyclage tourne à plein régime. Les détritus organiques laissent place à l’humus. Ces super pros de la fertilité des sols sont indispensables à l’équilibre de tous les écosystèmes terrestres, en assurant le renouvellement des éléments nutritifs.

Précieux indicateurs de pollution

Ils ont beau être résistants, les collemboles sont vulnérables aux polluants : pesticides, hydrocarbures… Et produits qui affectent leur capacité reproductrice. Cette extrême sensibilité fait d’eux de précieux témoins, d’autant que leurs réactions varient selon les doses auxquelles ils sont exposés. Du pain bénit pour les scientifiques qui les ont choisis comme marqueurs de l’état des sols.

Philippe Lebeaux, réalisateur du documentaire d’Arte, de conclure : « Il est temps de faire justice à ces êtres extraordinaires aux capacités déroutantes. Face au chaos qu’annonce le changement climatique, nous devons nous appuyer sur la formidable puissance de ces tout-petits, sans lesquels la nature dépérirait… »

Cet article est paru dans le Télépro du 15/5/2025

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