Qui étaient les Saxons, ce peuple guerrier originaire des régions germaniques bordant la mer du Nord ?
« Les plus belliqueux de toutes les peuplades qui habitent au-delà du Rhin et jusqu’à la mer occidentale. » C’est ainsi que l’empereur romain Julien décrit, en l’an 365, les Saxons, dont un documentaire d’Arte retrace l’histoire (samedi à 22.25).
En l’absence de trace écrite, les origines historiques de ce peuple germanique, mentionné pour la première fois par le géographe Claude Ptolémée (IIe siècle), restent teintées de mystère. Le nom de ces pirates aurait été donné par leurs ennemis en référence à leur arme fétiche, le « saex » (épée courte ou long couteau). Installés sur les côtes de la mer du Nord (au sud du Danemark et au nord de l’Allemagne), les Saxons (littéralement, « les porteurs d’épées courtes ») sèment la terreur dans l’Empire romain, par leurs pillages sur les côtes septentrionales de l’Europe, faisant même des incursions dans l’océan Atlantique.
Migration anglo-saxonne
Au Ve siècle, peut-être à la suite d‘une grave crise climatique, une partie d’entre eux quitte la région et s’établit, aux côtés des Jutes et des Angles, dans le sud-est de la Bretagne (actuelle Grande-Bretagne). Cette période dite anglo-saxonne se prolonge jusqu’à l’invasion normande de 1066. Certains comtés anglais portent encore aujourd’hui des noms évocateurs de ce passé : le Wessex, le Sussex et l’Essex (soit Saxons de l’Ouest, du Sud et de l’Est).
Sur le continent, les Saxons n’ont pas pour seule facette celle de pirates sanguinaires. L’archéologie révèle des rôles de commerçants, de soldats (y compris comme mercenaires dans l’armée romaine) et d’habiles artisans. Certaines découvertes, comme celle du bateau de Nydam, endormi dans la tourbe danoise jusqu’au XIXe siècle, prouve que leurs arts et techniques étaient particulièrement développés.
Insoumis à la chrétienté
Farouchement attachés au paganisme germanique, les Saxons vénèrent un grand nombre de divinités et d’esprits de la nature. Ils sont parmi les derniers peuples européens à refuser le christianisme. Raison pour laquelle ils deviennent d’ailleurs les grands rivaux des Francs, qui cherchent, déjà sous Charles Martel et Pépin le Bref, à conquérir leur territoire et à les convertir. Les deux peuples s’affrontent dans une série de conflits sanglants entre 772 et 804. C’est la Guerre des Saxons. Durant plus de trente ans, Charlemagne se frotte à la résistance saxonne, notamment menée par le terrible chef Widukind.
Cette guerre est marquée par la destruction, en 772, de l’Irminsul, l’arbre sacré des Saxons, et le massacre de Verden, en 782, au cours duquel Charlemagne ordonne la mort de plus de 4.500 Saxons – ce qui lui vaudra le surnom de « Boucher des Saxons ». En 804, moins organisés que leurs rivaux, ils finissent, sous les coups de boutoir des armées franques, par se soumettre, se convertir et ainsi grossir les rangs des chrétiens.
Intégré à l’empire carolingien, le duché de Saxe est créé, marquant la fin de l’indépendance politique et religieuse de ces pirates venus du Nord. Néanmoins, leur influence ne cesse pas pour autant. Car, au Xe siècle, l’un d’entre eux devient l’homme le plus puissant d’Europe. Nommé empereur d’Occident à Rome en 962, Otton le Grand, sans aucun doute le représentant le plus illustre de ce peuple guerrier, pose la première pierre du Saint-Empire romain germanique. Son règne, à la tête d’un territoire allant de la mer du Nord à l’Italie, marque l’apogée de la civilisation saxonne.
Cet article est paru dans le Télépro du 24/07/2025.