Indispensable à la fabrication des batteries de nos smartphones, ordinateurs et véhicules électriques, le lithium est une matière première très recherchée.
Afin de réduire sa dépendance aux importations, l’Europe cherche à développer sa propre production de lithium. Mais une filière écolo et circulaire est-elle possible ? Samedi, sur Arte, un documentaire de Lucas Gries fait le point.
Élément essentiel de nos batteries rechargeables, le lithium voit sa demande exploser. Pour l’instant, l’Europe dépend de pays où son extraction a des conséquences néfastes sur l’environnement (dégradation des écosystèmes, contamination de l’eau, émissions de gaz à effet de serre, déchets toxiques). Elle ambitionne donc de développer sa propre filière lithium, circulaire et durable.
Du lithium dans le sous-sol européen
Jusqu’à présent, le lithium est principalement extrait en Australie, en Amérique du Sud et en Chine, qui couvrent 95 % des besoins actuels de la planète. Pourtant, on trouve aussi du lithium sur le continent européen : en Serbie, en Ukraine, au Portugal, mais aussi en France, Allemagne, Angleterre, Tchéquie, Espagne, Finlande, Autriche, Italie… Et en Belgique ?
En septembre 2023, la société de géothermie Hita a trouvé du lithium dans l’eau qu’elle pompe près d’Anvers !
Il faut en effet distinguer le lithium sous forme de roches dures du lithium présent dans les eaux géothermales, sous forme de saumures, dont l’extraction est moins polluante.
Un gisement exceptionnel en Auvergne
Imerys, leader mondial des spécialités minérales pour l’industrie, a lancé un projet dans l’Allier (France). Dans la carrière de Beauvoir, l’exploitation de kaolin devrait céder la place à celle du lithium. Imerys a réalisé des sondages dès 2015 et le gisement est estimé à 800.000 tonnes. Le groupe minier français souhaite ouvrir une mine souterraine sous une carrière actuellement à ciel ouvert. Le granit de Beauvoir sera concassé sous terre avant d’être remonté à la surface. Des sondages carottés ont permis de découvrir la haute teneur en lithium de ce granit. Le gisement est jugé exceptionnel. L’exploitation devrait débuter avant 2030 et se poursuivre au moins vingt-cinq ans.
Substances toxiques
Mais avec quel impact écologique ? L’extraction du lithium provoque une quantité considérable de résidus qui contiennent des substances toxiques. Autrefois emprisonnées dans le sol, elles se retrouvent à l’air libre et le vent peut disperser ces particules très fines. À Beauvoir, Imerys envisage de remblayer ses anciennes carrières avec ces déchets. Une autre solution est envisagée : ajouter des agents liants biodégradables qui vont agglomérer les particules et empêcher leur dispersion.
Mais un autre souci se pose : l’extraction de lithium est très énergivore et gourmande en eau. Comment assurer une production plus écologique ? Des chercheurs analysent chaque étape, à commencer par le broyage et le concassage de la roche, et mettent au point un nouveau procédé pour séparer le lithium des autres composants. L’objectif est de valoriser tous les résidus.
La seconde étape est le traitement et la purification du lithium. La première raffinerie européenne a été mise en service en Allemagne fin 2024 et d’autres seront construites sur notre continent.
Des batteries à recycler
L’Europe cherche aussi à améliorer la performance des batteries et met au point des batteries à haute densité énergétique. De nouveaux modèles sont en développement, à base de sodium.
Le dernier impératif est l’optimisation du recyclage des batteries usagées. Des recherches visent à récupérer leurs composants de façon sélective. Car les batteries contiennent des matières premières de grande valeur, comme le graphite, le nickel, le cobalt… et le lithium !
Cet article est paru dans le Télépro du 8 mai 2025.