En 1572, les protestants de France étaient tués au nom de la religion. Retour sur le massacre de la Saint-Barthélemy.
«Tuer au nom de Dieu», tel est le titre du docu-fiction proposé ce mardi à 21h10 sur France 2. Il est conçu comme un documentaire classique : la caméra suit un jeune homme qui enquête sur la mort de son frère et de son père. Tous deux ont été tués en août 1572, lors du massacre de la Saint-Barthélemy… Le film nous replonge donc dans la France de l’époque pour tenter de comprendre. Que s’est-il passé à la Saint-Barthélemy ?
Naissance d’une religion
Tout commence en 1517 quand un moine catholique allemand, Martin Luther, propose de réformer l’Église. Rapidement excommunié par Rome, il donne naissance à une religion dissidente : le protestantisme. Les idées de Luther se répandent à travers l’Europe.

En France, le mouvement s’accélère dans les années 1540 sous la houlette de Jean Calvin. À l’époque, le roi de France, Henri II, est un fervent catholique. Il réprime donc sévèrement la Réforme. Malgré les édits, les procès et les sanctions, le protestantisme ne cesse de prendre de l’ampleur.
Guerres et paix
Quand Henri II décède, en 1559, c’est son épouse, Catherine de Médicis, qui assure la régence. Catherine estime que la répression mise en place par son mari n’a mené à rien. Elle choisit donc une autre stratégie : la tolérance et le dialogue. La liberté de culte est reconnue aux protestants, pourvu qu’ils ne troublent pas l’ordre public. Mais sur le terrain, les frictions sont nombreuses. Certaines aboutissent même à de véritables guerres de religion. Et chaque fois qu’une paix est signée, chacun sait combien elle est précaire…
Mariage meurtrier
Dans l’espoir d’instaurer une paix durable, Catherine de Médicis organise le mariage de sa fille Marguerite (la future reine Margot) avec un prince protestant, Henri de Navarre. Les noces sont célébrées à Notre-Dame de Paris le 18 août 1572. Pour l’occasion, tout le gratin est au rendez-vous. Notamment tout ce que la France compte de protestants importants. Parmi eux, l’amiral Gaspard de Coligny, chef de guerre proche de la cour. Quelques heures après le mariage royal, Coligny est assassiné. Qui a commandité sa mort ?
On évoque le duc de Guise, son ennemi de toujours, ardent défenseur de la religion catholique. Mais on mentionne aussi Catherine de Médicis et sa cour… Dans les jours qui suivent, tous les seigneurs protestants présents à Paris sont assassinés à leur tour. C’est le massacre de la Saint-Barthélemy, ainsi nommé parce qu’il débute le 24 août, jour de la Saint-Barthélemy. Tout protestant craint désormais pour sa vie. À Paris, puis en province. On évoque de 10 à 30.000 morts.
Un passé bien présent
« Cette histoire qui paraît si lointaine résonne pourtant aujourd’hui », affirme Hugues Nancy, la réalisateur du documentaire de France 2. « Haine religieuse, intégrisme, persécution des minorités… Ce sont ces mécanismes du fanatisme qui conduisent à un massacre de « proximité ». C’est un engrenage mortel qui voit des croyants zélés déshumaniser leurs victimes avant de les tuer, au nom d’un Dieu dont ils s’imaginent être le bras armé. »
Cet article est paru dans le Télépro du 21/8/2025