Momies : la mort leur va si bien

Au fil des siècles, la momification se démocratise et le bandelettage, véritable art, se perfectionne. À l’époque ptolémaïque, les animaux (comme ici, un varan) sont aussi momifiés par millions. © ZED – 2025
Stéphanie Breuer Journaliste

Durant des millénaires, les Égyptiens ont pris soin d’embaumer leurs morts selon des rituels ancestraux, dont les chercheurs percent peu à peu les secrets. Ce jeudi à 21h05, France 5 diffuse le documentaire « Momies d’Égypte, en quête d’immortalité ».

« En Égypte antique, la mort était un événement très important : ce n’était pas une fin, mais un début », explique l’égyptologue Salima Ikram dans un documentaire partant à la découverte des secrets de la momification d’un peuple en quête d’immortalité.

Préparées pour vivre éternellement dans l’au-delà, les momies de l’Égypte antique ont traversé les millénaires et sont parfois parvenues jusqu’à nous dans un état de conservation incroyable. Aujourd’hui, les chercheurs les font parler et révèlent le savoir-faire exceptionnel des embaumeurs égyptiens.

Les premières momies trouvées en Égypte datent de 5.000 à 3.000 ans avant notre ère (durant la période prédynastique). À cette époque, elles n’étaient pas embaumées, mais juste inhumées à même le sable, dans le désert. Le processus de momification était alors naturel, grâce à la salinité et la sécheresse du désert. Cette momification naturelle a pu inspirer aux Égyptiens le désir d’immortaliser le corps. Leur technique d’embaumement s’est alors développée à partir de l’Ancien Empire, quand les pharaons et dignitaires commencèrent à se faire inhumer dans des tombes, dont l’humidité accélérait la décomposition des corps.

Course contre la montre

Au moment du trépas, commençait une véritable course contre la montre, avec 70 jours de soins, pour préserver l’intégrité du corps. Première étape : l’éviscération. Après une incision sur le flanc gauche, les organes vitaux (poumons, foie, estomac et intestins) étaient retirés à la main, nettoyés et isolés. L’intégralité du corps devait être conservée à l’exception du cerveau, qui était réduit en bouillie et éliminé via le nez. Pour les Égyptiens, le siège de la pensée et des émotions était le cœur, qui devait rester accroché à sa momie.

La deuxième étape – celle du dessèchement – était la plus longue. Le corps était recouvert de natron, un sel minéral, et exposé au soleil durant quarante jours. Ensuite, les embaumeurs entraient en scène pour commencer à traiter la peau, la phase restée longtemps la plus mystérieuse.

Découverte surprenante

Pour cette étape, le corps revenait dans un atelier d’embaumement pour être enduit d’huiles et de résines. Objectifs : lui rendre sa souplesse et le protéger des insectes, des champignons et des bactéries. Dans ces ateliers, de l’encens était utilisé pour chasser les mouches et éliminer les odeurs. En 2016, une cachette servant à stocker des pots contenant des onguents – pour la plupart importés – fut découverte dans la nécropole de Saqqarah. Sur les pots, des écritures indiquent soit le nom des produits, soit leur fonction : « à appliquer sur la tête », « pour rendre l’odeur agréable », « pour être enveloppé avec »…

Après avoir stabilisé les chairs pour l’éternité, les embaumeurs rendaient le corps aux prêtres pour la dernière étape – la plus sacrée – de la momification : le bandelettage. Cette phase, dont la technique s’est perfectionnée au fil des siècles, permettait au défunt de reprendre forme humaine. Sous le bandage en lin (un kilomètre de bandelettes était nécessaire pour envelopper un être humain) étaient parfois placées des amulettes protectrices destinées à défendre le défunt contre les forces du mal. Une fois la momie prête, l’âme du défunt sortait des limbes et commençait son voyage vers l’au-delà et la vie éternelle…

Cet article est paru dans le Télépro du 16/10/2025

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