Les histoires de déluges ont marqué toutes les civilisations. Dimanche à 13h, Arte décortique ce mythe captivant.
Le déluge est partout. L’histoire est toujours la même : des pluies torrentielles s’abattent sur un peuple qui a déçu ou manqué de respect à un dieu. Mais certains êtres, les plus vertueux, échappent au châtiment. Mis au courant de la catastrophe à venir, ils reçoivent l’ordre de construire un bateau pour les protéger, eux et leur famille. Puis de rebâtir une civilisation lavée de ses péchés.
Récit biblique
La version la plus répandue du déluge est sans doute celle de la Bible dans laquelle Noé, à bord d’une arche, doit embarquer sa famille mais aussi un couple de chaque espèce animale. Après une pluie de 40 jours et 40 nuits, le bateau se pose sur le mont Ararat. Noé, ne sachant pas si les eaux se sont pleinement retirées, envoie d’abord un corbeau. S’il ne revient pas, c’est qu’il s’est posé quelque part. Mais celui-ci réapparaît. Noé libère ensuite une colombe qui rentre portant dans son bec un rameau d’olivier. Au bout de sept jours, la colombe est à nouveau lâchée mais cette fois, ne revient plus. La terre est donc sèche. Les occupants de l’arche peuvent débarquer. Noé offre alors un sacrifice au Créateur qui promet en retour de ne plus éradiquer la vie terrestre. Un arc-en-ciel apparaît en signe de cette nouvelle alliance.
D’autres déluges
La Bible n’est pas la seule, ni la première, à évoquer le déluge. Des archéologues ont découvert des récits similaires sur des tablettes d’argile retrouvées près de Mossoul, en Irak, l’ancienne Mésopotamie. La première, datant du XVIIe siècle avant notre ère, narre l’épopée d’un Noé babylonien, Atrahasis. La seconde, plus récente de mille ans, met en scène Gilgamesh parti à la rencontre d’Uta-Napishtim, le rescapé d’un déluge.
En Afrique, Chine, Inde…
Ailleurs dans le monde, d’autres mythologies rapportent des histoires de crues et de personnes leur survivant. Chez les Mayas, un récit tiré du Popol Vuh relate comment une inondation a anéanti la deux-ième race humaine, celle des hommes taillés dans le bois, pour faire place aux hommes de maïs. « Le ciel tomba sur terre et ce fut le déluge », disent aussi les textes aztèques, pour qui l’humanité a survécu grâce à un couple unique. On trouve des légendes semblables chez les Dogons d’Afrique. En Chine, c’est le dragon noir Kong Kong qui envoie sur terre les eaux du déluge. Et en Inde, le Satapatha Brahmana décrit un poisson avatar du dieu Vishnu qui avertit Manu, l’homme primordial, de construire un bateau pour survivre aux pluies diluviennes. Quant à la mythologie grecque, elle met en scène Zeus et Hermès qui choisissent un couple d’humains à sauver après avoir décidé de châtier l’humanité.
Et en réalité ?
Un déluge mondial, tel que celui décrit dans l’Ancien Testament, a-t-il réellement eu lieu ? « Non car toute l’eau sur terre et dans l’atmosphère ne suffirait pas à provoquer de pareilles inondations », affirment les scientifiques. En outre, les géologues n’ont trouvé aucun indice dans les archives rocheuses suggérant un ancien déluge mondial.
La quête de l’arche
Pour compliquer les choses, les spécialistes ne parviennent pas à s’accorder sur la localisation précise de la fameuse arche. Selon la Genèse, elle se serait posée sur les montagnes d’Ararat, dans l’actuelle Turquie. Dans la version mésopotamienne, le bateau d’Uta-Napishtim a accosté sur le mont Nimus, dans les montagnes du Kurdistan iranien. Pour le Coran, c’est au Jebel Djoudi, en Anatolie (Asie mineure), que l’arche a terminé sa course, mais pour l’historien romain Flavius Josèphe, c’est sur le mont Elbrouz dans le Caucase. Au Moyen Âge, le site le plus cité est un sommet situé en Arménie.
On laissera le mot de la fin à Voltaire qui, dans son dictionnaire philosophique, écrit : « L’histoire du déluge est si miraculeuse qu’il serait insensé de l’expliquer. On doit se contenter d’y croire ou pas. »
Cet article est paru dans le Télépro du 4/12/2025