Namib, foisonnant désert

Le gecko palmé (Pachydactylus rangei) est une espèce endémique du désert du Namib © Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

Dimanche soir, « Le Jardin extraordinaire » (La Une) nous emmène à la découverte de la faune et de la flore fascinantes du désert de Namibie.

Considéré comme le plus vieux désert au monde, le Namib est aussi le deuxième plus grand d’Afrique, derrière le Sahara. Cette longue bande, qui s’étend au sud-ouest de la Namibie, est bordée au nord par l’Angola, au sud par le fleuve Orange et a pour voisin l’océan Atlantique. L’erg, dont la superficie totale dépasse 80.000 km², n’a pas que son âge vénérable pour faire parler de lui : l’écosystème présent au cœur de ce monde aride est tout aussi impressionnant. Tour d’horizon.

Âgé et classé

On estime que le Namib, qui a donné son nom au pays qui l’abrite, a commencé à se former il y a 55 millions d’années. C’est au courant marin de Benguela, refroidissant les masses d’air océaniques présentes au large des côtes de Namibie et rendant impossible pour ces dernières la libération de pluie, qu’on doit la présence de ce lieu aride. En 2013, l’Unesco a distingué ce paysage d’une beauté exceptionnelle en le classant au patrimoine mondial. « Ce désert de dunes constituées de matériaux venus de loin, transportés depuis l’intérieur de l’Afrique australe par les cours d’eau, les courants océaniques et le vent, représente tout simplement un site unique au monde », précise l‘organisation.

T’as bu ton brouillard ?

Sans surprise, le désert de Namibie n’est pas un endroit particulièrement accueillant. Pourtant, un phénomène météorologique permet à un écosystème exceptionnel de s’y développer : le brouillard, principale source d’eau, donne notamment la possibilité à une multitude d’animaux d’évoluer dans ce monde hostile. Parmi eux, le ténébrion du désert. Ce petit scarabée a non seulement développé une rapidité hors du commun pour un insecte terrestre, avec des pointes à 4 km/h afin d’éviter de griller sur place, mais il est aussi astucieux lorsqu’il s’agit de se désaltérer. Quand les gouttes se mettent à perler sur sa carapace, il se campe cul par-dessus tête et laisse couler le breuvage vital jusqu’à sa bouche. Quant au gecko palmé, petit lézard, il fait condenser la brume sur ses grands yeux froids qu’il lape ensuite.

Le ténébrion du désert (Onymacris unguicularis) est réputé pour sa faculté de récolter la condensation sur sa carapace © Didier Descoens/Wikipedia

Témoin du passé

Côté végétation, le désert du Namib a également de quoi nous épater. La Welwitschia mirabilis est un spécimen qui fascine les botanistes les plus aguerris. D’abord par sa morphologie atypique, contrairement à la majorité des plantes, elle ne produit que deux feuilles au long de sa vie qui grandissent indéfiniment pour atteindre parfois plusieurs mètres. Pour sa capacité d’adaptation ensuite, son fameux duo de feuilles possède une circonférence impressionnante qui rend la captation de l’humidité présente dans l’air, aussi faible soit-elle, très efficace. Poussant exclusivement dans le désert de Namibie et en Angola, la welwitschia étonne enfin grâce à sa longévité : certaines vénérables dames auraient près de deux mille ans !

La Welwitschia mirabilis ne possède que deux feuilles qui grandissent indéfiniment, se déchirent et s’entrecroisent © Getty Images/imageBROKER RF

Zombie végétal

L’on pourrait penser qu’il s’agit aussi de recordmen de vieillesse, puisqu’ils se tiennent là depuis près de 900 ans, mais les acacias qui parsèment la cuvette d’argile blanche nommée Dead Vlei, littéralement le « marais de la mort », sont en réalité pétrifiés. Ce site, l’un des plus visités de Namibie, fut donc autrefois un ancien marécage où des arbres ont eu tout le loisir de s’épanouir. Mais l’apparition des dunes a soudainement asséché l’endroit, figeant dans le temps le bois trop sec pour se décomposer.

Big Daddy Dune

Sur le podium des sites remarquables du Namib, nous retrouvons les dunes de Sossusvlei. La plus impressionnante du groupe, surnommée « Big Daddy », est aussi l’une des plus hautes au monde : 300 mètres. Pour le reste, l’erg de Namibie comprend la plupart des types connus de dunes, des inselbergs, sorte de minimontagnes, des pédiplaines, petites vallées de roches à pentes faibles, et des zones côtières où les dunes du désert rencontrent l’océan.

T’as mis la clim ?

Pour ce qui est des grands mammifères, nous retrouvons, comme dans le reste de l’Afrique australe, tous les animaux caractéristiques de la savane africaine. Grands félins, zèbres, girafes, gnous, rhinocéros…

L’oryx, taillé pour le désert © Getty Images/iStockphoto

Au cœur de cette troupe, les oryx, bovidés aux cornes longues et droites qui pointent vers l’arrière, sont sans doute les plus emblématiques du Namib. Et pour cause, cette espèce est réellement faite pour le désert. Ces animaux sont capables de se passer d’eau pendant de très longues périodes, leur température corporelle peut subir de fortes augmentations sans les perturber, et leur cerveau est en quelque sorte constamment « climatisé » grâce à un réseau spécifique de vaisseaux sanguins. 

Cet article est paru dans le Télépro du 4/12/2025

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