En 1798, la campagne d’Égypte de Napoléon Bonaparte, alors général, rouvre les portes d’un monde oublié et déclenche une passion pour la civilisation des pharaons.
Fiasco militaire, mais succès scientifique ! Ainsi peut être résumée la campagne d’Égypte entamée par Napoléon Bonaparte à la toute fin du XVIIIe siècle, et retracée par Bruno Solo dans « Les Aventuriers de l’Égypte antique », ce jeudi à 21h05 sur France 5.
Au printemps 1797, Napoléon Bonaparte, alors jeune général, sort vainqueur de la première campagne d’Italie. Sa prochaine mission ? L’Égypte, avec comme double objectif de frapper les intérêts britanniques en coupant la route des Indes et de fonder une colonie pour percer l’isthme de Suez. À la tête de sa fameuse armée d’Orient (300 navires et plus de 35.000 soldats), le général de 28 ans, que la jeune République juge encombrant à Paris, quitte Toulon en mai 1798.
Après la prise de Malte en juin, il déclare à ses troupes fraîchement débarquées à Alexandrie : « Soldats, vous allez entreprendre une conquête dont les effets sur la civilisation et le commerce du monde sont incalculables. » Trois semaines plus tard, le 21 juillet, l’armée française enregistre, lors de la bataille des Pyramides, une incroyable première victoire sur les Mamelouks (une caste militaire composée d’anciens esclaves), alors au pouvoir.
Revers à Aboukir
Mais le vent tourne avec la destruction, le 1er août, de la flotte française à Aboukir par l’amiral anglais Nelson. Clouée sur place, l’armée d’Orient sera plus tard victime d’une épidémie de peste et stoppée à Saint-Jean-d’Acre (actuel Israël). Après la fuite de Bonaparte pour la France l’année suivante et la capitulation des soldats restés sur place en août 1801, la campagne d’Égypte se solde par un fiasco militaire.
Elle est néanmoins auréolée de succès grâce à un bataillon d’hommes d’un autre genre. Car si Bonaparte a envahi l’Égypte dans un but géopolitique, il a aussi des objectifs plus nobles, tels que propager le progrès et la civilisation des Lumières.
Appelés les savants de Bonaparte, environ 160 scientifiques ont en effet embarqué aux côtés du général. Ils sont chimistes, géographes, naturalistes, ingénieurs, architectes… Grâce à leur présence, la brutale campagne militaire contre les Mamelouks va se doubler d’une incroyable expédition scientifique. Dotés de matériel dernier cri, les savants français, emmenés par le mathématicien Gaspard Monge, explorent la civilisation égyptienne et la font renaître. Cette épopée scientifique aboutira à la parution de la « Description de l’Égypte », une somme monumentale en 20 volumes.
Trésor à Rosette
Enfin, autre découverte de taille, celle de l’officier français Bouchard dans la ville de Rachid (Rosette en français). C’est là, sur les bords de la Méditerranée et à l’embouchure du Nil, qu’est trouvée une stèle contenant un même texte traduit en trois langues différentes. Celle qui deviendra la fameuse pierre de Rosette (et dont les Anglais s’empareront) permettra, une vingtaine d’années plus tard, à Jean-François Champollion, de percer le secret des hiéroglyphes.
Ainsi, malgré la défaite militaire (qui n’empêchera pas Napoléon de devenir Empereur), cette campagne d’Égypte a surtout permis à ces érudits de découvrir une brillante civilisation, alors méconnue, et de jeter les bases de l’égyptologie…

Cet article est paru dans le Télépro du 11/12/2025