Ce samedi sur La Trois, « Mission castor » revient sur la réintroduction illégale du castor en Wallonie à la fin des années 1990. Aujourd’hui, l’animal est protégé et son utilité démontrée. Mais sa cohabitation avec l’homme reste complexe…
Le castor européen a toujours fait partie de la faune indigène belge. Il a disparu de notre pays au XIXe siècle, à force d’être exploité pour sa viande, sa fourrure, et pour la sécrétion qu’il émet pour marquer son territoire et imperméabiliser son pelage : le castoréum, utilisé en parfumerie et en médecine.
Réintroduit en Allemagne
Au début des années 1980, le castor est réintroduit dans le parc national de l’Eifel (à la frontière ouest de l’Allemagne). Deux passionnés de nature, Olivier Rubbers et Achille Verschoren, veulent le réintroduire en Wallonie. Ils récupèrent des castors chez nos voisins pour les ramener dans nos contrées. Ce qui vaut, au premier, en 2008, d’être reconnu coupable d’avoir, de 1998 à 2000, détenu en captivité et transporté des castors de manière illégale et d’être condamné à une amende, et, au civil, à un euro provisionnel en faveur de la Région wallonne, de la province de Luxembourg, de la commune de Houffalize et de la propriétaire d’un étang à Sommerain…
Un allié de la biodiversité
La Région wallonne abriterait plus de 3.000 castors, répartis sur 700 sites. Sur les grands cours d’eau, ce rongeur herbivore se limite à faire tomber quelques arbres. Dans les ruisseaux, il cherche à recréer des surfaces d’eau profonde. Pour ce faire, il construit des barrages impressionnants, devenant ainsi un adjuvant de la biodiversité car il recrée des zones humides propices au redéploiement d’espèces utiles. Il contrôle aussi le reboisement naturel des rives en mangeant saules et peupliers.
Régulation des cours d’eau
Les barrages des castors réduisent les débits, la force des courants et l’érosion. Une étude de l’Université de Gand a démontré l’intérêt de leur présence sur le bassin versant de l’Ourthe pour la prévention des inondations en aval. Par ailleurs, les eaux de surface et de ruissellement sont souvent chargées d’engrais et de pesticides. Les activités des castors permettent à ces eaux de s’épurer dans les zones humides par lagunage naturel.
Les désagréments
Ils peuvent néanmoins occasionner des dégâts. Les coupes d’arbres, principalement, mais elles sont limitées à moins de 30 mètres des cours d’eau. Leurs barrages peuvent provoquer des inondations : dans ce cas, ils sont détruits, mais les castors reconstruisent vite ! Il est alors conseillé d’entreprendre des aménagements.
Bon architecte
Ce petit architecte n’a aucun intérêt à compromettre la stabilité des berges là où il s’installe. Il veille à maintenir le niveau d’eau au plus haut afin que l’entrée de sa hutte soit immergée. En cas de fragilité de la berge, il rebouche et consolide les brèches. Les dégâts aux berges sont souvent dus au rat musqué et indûment imputés au castor. Pour rappel, le rat musqué est une espèce exotique envahissante que la Région wallonne cherche à éradiquer…
Pas de prédateur
Le castor n’a pas de prédateurs naturels en Wallonie. Mais son comportement territorial régule naturellement sa population. La législation, elle, assure sa protection intégrale. Si les castors nuisent à la propriété privée, le groupe de travail « Castors », de Natagora, peut se rendre sur le terrain et donner des conseils adaptés (081/39.07.20 – castors@natagora.be).