Leur rôle a longtemps été ignoré, voire effacé. Pourtant les femmes ont, elles aussi, participé, en France, au combat révolutionnaire.
La Révolution française a été marquée par les exploits de nombreux héros entrés dans la postérité, comme Robespierre, Danton, Marat, Mirabeau… Tous des hommes. Pourtant, les femmes aussi ont pris part à cette période de basculement. Aujourd’hui, ces figures longtemps oubliées sont mises à l’honneur dans le documentaire « Aux armes, citoyennes ! », à voir ce samedi à 20h55 sur Arte.
La populaire marchande
Marchande de fruits populaire et figure incontournable des Halles de Paris, Reine Audu joue un rôle de premier plan dans « la marche des femmes », qui lui vaudra un séjour en prison. Le 5 octobre 1789, elle prend la tête d’un cortège féminin qui s’élance vers Versailles pour réclamer du pain au Roi et ramener le monarque dans la capitale. « Les hommes ont pris la Bastille, les femmes ont pris le Roi », selon la formule de l’historien Jules Michelet.
L’amazone belge
Indépendante et passionnée, Théroigne de Méricourt s’enflamme pour les idées révolutionnaires et rejoint Paris en 1789. Vêtue d’une redingote d’homme, d’un chapeau et arborant des armes à la ceinture malgré l’interdit, la jeune Belge forge sa légende à l’Assemblée, où elle suit les débats, n’hésite pas à prendre la parole et réclame le droit de vote pour les femmes.
Théroigne de Méricourt
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Après un passage dans les geôles autrichiennes, la féministe liégeoise milite pour la formation d’un bataillon d’amazones dans l’armée.
La dramaturge humaniste
Auteure de théâtre et passionnée par la politique, Olympe de Gouges entend bien prendre part aux bouleversements qui agitent son pays et multiplie les écrits, dont sa célèbre « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ».
Théroigne de Méricourt
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Devenue veuve très jeune d’un mari violent, cette précurseur du féminisme y écrit « la femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune » – elle sera d’ailleurs guillotinée en 1793 – et milite pour le droit au divorce, le droit de vote pour tous, et contre l’esclavage et la peine de mort.
La journaliste républicaine
Femme de lettres et historienne, Louise de Keralio participe, elle aussi, au vent de liberté qui souffle sur la France. Durant la période révolutionnaire, la Bretonne est la seule femme à diriger un journal politique, diffusant des idées républicaines et défendant le tutoiement pour tous.
Théroigne de Méricourt
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Elle participe activement au premier club mixte, dans lequel les femmes peuvent prendre la parole. Toutefois, malgré ses positions républicaines et à l’instar de la plupart des révolutionnaires, elle ne remet pas en question le fait que la politique doit rester une affaire d’hommes…
La chocolatière militante
Dès la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, la jeune Parisienne Pauline Léon est prête à verser son sang « pour répandre celui des ennemis de la patrie ». Proche des révolutionnaires radicaux, cette fille de chocolatiers prône l’armement des femmes et milite pour la mort du Roi.
Théroigne de Méricourt
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Avec son amie comédienne Claire Lacombe, elle fonde la Société des citoyennes républicaines révolutionnaires, avant de voir les clubs féminins interdits en 1793. Elle quitte finalement la politique après avoir séjourné en prison pendant la Terreur.
La soldate émérite
Lorsque la France entre en guerre contre l’Autriche, Catherine Pochetat se travestit pour être enrôlée dans les régiments révolutionnaires, à l’instar d’une centaine d’autres femmes. Très vite démasquées, ces soldates restent néanmoins en poste et la jeune femme se distingue, comme canonnière, à la bataille de Jemmapes.
Théroigne de Méricourt
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Finalement exclue de l’armée en 1793, elle tente d’obtenir une dérogation, estimant que « cette main habituée à manier le sabre n’est plus habile à manier l’aiguille et le fuseau ».
Cet article est paru dans le Télépro du 3/7/2025