Saint Patrick, l’homme derrière la fête

Le trèfle, qui aurait permis à saint Patrick d‘expliquer la Trinité, est aujourd’hui l’un des symboles de l’Irlande © Getty Images/iStockphoto

Vous vous en doutiez très certainement : saint Patrick n’était pas un leprechaun, petit lutin à la barbe rousse bien fournie, trinquant chaque jour que Dieu fait, une Guinness dans une main, un trèfle dans l’autre. Alors, qui était-il ?

De Dieu et de trèfle, il en sera bien question dans le documentaire d’Arte ce samedi à 22.30. Qui était cet « esclave et protecteur de l’Irlande », jamais officiellement canonisé ? Pourquoi, grâce à lui, des centaines de milliers de personnes festoient chaque 17 mars à travers le monde ?

Mythes et légendes

Difficile de différencier le vrai du faux, l’historique du mythologique, dans ce qui se dit à propos de saint Patrick. Heureusement, sont parvenus jusqu’à nous deux de ses écrits : sa « Confessio », faisant le récit de sa vocation spirituelle et de sa mission, et une « Lettre à Coroticus », riche personnage à qui il reproche ses violences envers les chrétiens.

Pirates et berger

Maewyn Succat, son vrai nom, serait né aux environs de l’an 380. Il grandit dans ce qui est aujourd’hui la Grande-Bretagne, au sein d’une famille de l’aristocratie britto-romaine, peu encline à pratiquer la religion. À 16 ans, il est enlevé par des pirates et vendu en Irlande. Ces terres sauvages sont alors considérées comme la limite du monde connu et sont divisées en plusieurs royaumes tribaux. Durant six années, Maewyn est berger pour un chef de clan. Dans la difficulté, il se tourne vers la religion et devient un fervent chrétien.

Fuite et foi

Lorsque, dans un rêve, Dieu le somme de rejoindre le rivage et d’embarquer à bord d’un bateau, il n’écoute que sa foi et s’évade. Il rejoint ses terres natales et devient prêtre. Ayant étudié assidûment la théologie, il est consacré évêque. A-t-il ensuite été envoyé en Irlande par le pape Célestin Ier comme l’évêque Palladius avant lui ? Les sources ne s’accordent pas. Le Saint lui-même parle d’une mission directement inspirée par Dieu… Toujours est-il qu’en 432, il reprend la mer en sens inverse pour affronter les druides et convertir les Irlandais, faisant fi des dangers encourus. « J’ai renoncé à ma condition d’homme libre pour me faire le serviteur des Irlandais », dira-t-il.

Trèfles et serpents

En Irlande, il rencontre les personnalités les plus influentes. Notamment le roi Aengus, à qui il aurait expliqué le concept de la Sainte Trinité en se servant d’un trèfle (devenu symbole emblématique du pays). Convaincu par la métaphore, le Roi se serait converti. La nouvelle se répand dans le pays, marquant une étape cruciale dans le travail de christianisation de celui qui a pris le nom de Patricius. La légende raconte qu’à cette époque, il aurait chassé les serpents d’Irlande, les noyant dans les flots. Il est vrai que l’Irlande est aujourd’hui l’un des rares endroits du monde où l’on ne trouve plus ces reptiles. En réalité, il n’y en a plus depuis la période post-glaciaire. Ce miracle symbolise l’expulsion du « mal ». Saint Patrick serait mort le 17 mars 461, après avoir largement contribué à évangéliser le pays.

Jeûne et bière

Intégré au calendrier chrétien au début du XVIIe siècle, le jour de la Saint-Patrick est férié en Irlande depuis 1903. Tombant pendant le Carême, il était permis de rompre le jeûne. Une loi interdisant d’ouvrir les bars est cependant restée en vigueur jusqu’en 1970. Depuis, cette pieuse journée a bien changé. En Irlande et dans tous les pays où la diaspora irlandaise est présente (notamment aux États-Unis et au Canada), le 17 mars, fête nationale non officielle, est un jour de liesse. Tout de vert vêtus, un trèfle à la boutonnière, les (descendants d’) Irlandais assistent à des parades, ingurgitent des litres de bière et célèbrent leur culture celtique.

Cet article est paru dans le Télépro du 31/07/2025.

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