Après d’illustres personnages comme Flaubert ou Colette, « Les Docs de La Grande librairie » se consacrent au non moins brillant Voltaire, ce mercredi à 21h05 sur France 5.
Poète, historien, philosophe et pamphlétaire enragé, Voltaire incarne à lui tout seul l’esprit des Lumières. Personnage connu à travers toute l’Europe de son vivant, le plus éclectique des grands esprits du siècle de la pensée l’est resté dans l’au-delà. Portrait.
Pseudo non identifié
François-Marie Arouet, futur Voltaire, pousse son premier cri à Paris, le 21 novembre 1694. Très vite, son tempérament de feu et ses aptitudes intellectuelles sont décelés. « Il profite tôt d’une excellente éducation et, parce que c’est un élève brillant, se distingue immédiatement », détaille l’historien Pascal Bastien, professeur à l’Université de Montréal. C’est en 1718 qu’il signe sa première œuvre, une tragédie sur Œdipe, de « Monsieur Voltaire ». Peu de certitudes quant au choix de ce nom de plume. « Il pourrait s’agir de l’inversion des syllabes d’un village, Airvault, proche de la maison familiale, ou de l’anagramme d’Arovet LJ (le jeune), le u et le v s’écrivant souvent de la même façon à l’époque… », relate-t-on dans Le Monde. De cette nouvelle identité, le philosophe écrira seulement : « J’ai changé mon nom d’Arouet en celui de Voltaire. J’ai été si malheureux par l’autre que je veux voir si celui-ci m’apportera du bonheur. »
Exil utile
Après une vingtaine couronnée de succès théâtraux, la trentaine voltairienne débute tout en remous. Un jour de 1726, il est apostrophé au sein de la Comédie-Française par le chevalier de Rohan qui, tentant de l’humilier, l’interroge : « Monsieur de Voltaire, Monsieur Arouet, comment vous appelez-vous ? » Ce à quoi Voltaire rétorque : « Je commence mon nom, vous finissez le vôtre. » Quelques jours plus tard, il est roué de coups, en pleine nuit, par les sbires de Rohan. Voltaire s’enflamme, veut porter plainte, en appelle à ses amis nobles pour l’aider… mais personne ne le soutient. Les Rohan commencent à s’impatienter face à cet esprit revanchard et Voltaire est embastillé avant d’être sommé de quitter la France. Jusqu’en 1728, l’Angleterre sera sa terre d’accueil et l’exil se transformera en élément fondateur dans sa philosophie. Il s’initie aux textes de Locke et Newton, qu’il s’emploiera à faire connaître au reste de l’Europe à travers ses écrits. « Il va découvrir en Angleterre ce qui est pour lui le modèle du siècle des Lumières », poursuit Pascal Bastien. « Il va être très attaché à la sauvegarde des libertés individuelles qui caractérisent le régime anglais. »
Vieillesse assagie ? Que nenni !
En 1763, la septantaine à sa porte, Voltaire est loin de reposer ses méninges. Il se saisit d’une erreur judiciaire due à l’intolérance religieuse, dans laquelle Jean Calas, un protestant, fut injustement accusé d’avoir tué son fils pour, soi-disant, l’empêcher de se convertir au catholicisme. Le courroux de Voltaire, profondément anticlérical, pour les irrégularités dans le cas Calas, donnera lieu à son célèbre « Traité sur la tolérance ». À charge de revanche, lorsqu’il meurt en mai 1778, les ecclésiastiques le destinent à la fosse commune. Son neveu, l’abbé Vincent Mignot, transportera alors son corps clandestinement pour l’inhumer dans l’abbaye de Sellières. En 1791, les cendres de Voltaire sont transférées au Panthéon. •
Cet article est paru dans le Télépro du 5/6/2025