Des années sous protection, une identité changée, une vie bouleversée, mais elle est toujours debout. « 13 novembre, le choix de Sonia » est l’histoire d’une femme ordinaire devenue une héroïne des temps modernes. Une docufiction à voir ce dimanche à 20h05 sur Tipik, et jeudi à 21h10 sur France 2.
« Notre plus belle récompense, c’est que Sonia, en voyant la série, nous dise qu’elle s’y reconnaissait pleinement. » Violette Lazard et David André sont les créateurs de « 13 novembre, le choix de Sonia ». Leur mini-série de docufictions en quatre épisodes de 30 minutes retrace le parcours bouleversant d’une femme sans histoire devenue, presque malgré elle, un maillon décisif de la traque des terroristes du 13 novembre 2015.
Bataclan, etc.
Au lendemain des attentats les plus meurtriers de l’histoire récente de la France, Sonia, simple citoyenne, se retrouve au cœur d’un engrenage tragique. Ce soir-là, alors qu’elle regarde le match France-Allemagne avec sa famille et Hasna, une jeune femme qu’elle héberge, le pays bascule dans l’horreur. Des commandos islamistes ouvrent le feu sur les terrasses parisiennes, font exploser des bombes autour du Stade de France et prennent d’assaut la salle du Bataclan, tuant 130 personnes et blessant des centaines d’autres.
Hasna, la cousine du terroriste Abdelhamid Abaaoud, est une jeune femme perdue, marquée par une enfance chaotique et une succession de violences. Entre fêtes, dérives et quête de spiritualité, elle oscille sans jamais trouver l’équilibre. Sonia, compatissante, l’a recueillie chez elle, sans imaginer que ce geste d’entraide la placerait au cœur de l’Histoire.
Ennemi public n° 1
Deux jours après les attentats, Hasna reçoit un appel d’un prétendu jeune cousin en fugue. Persuadée d’aller lui porter secours, elle convainc Sonia de l’accompagner. Mais sur place, c’est Abaaoud lui-même qui apparaît, armé, accompagné d’un complice. Sonia comprend alors qu’elle vient de croiser l’un des hommes les plus recherchés d’Europe. Le terroriste menace de mort Sonia et son compagnon, mais, ayant besoin d’une planque, les laisse repartir.
Peu après, consciente qu’Abaaoud prépare de nouveaux attentats, elle contacte la DGSI (la sécurité intérieure française). Devenue un témoin clé, Sonia obtient de Hasna l’adresse de la cache des terroristes à Saint-Denis. L’assaut y est donné par le RAID, l’unité d’élite de la police. L’opération met fin à la cavale d’Abaaoud et de sa cousine, tous deux tués lors de l’assaut. Soupçonnée un temps, Sonia est ensuite placée sous protection et vit depuis sous une fausse identité.
Entre fiction et docu
Raconter son histoire sans jamais la mettre en danger, tel a été le défi de Violette Lazard et David André. Pour y parvenir, ils ont choisi une approche inédite, entre fiction et documentaire. « Dans un lieu tenu secret, une grande pièce est coupée en deux par un voile blanc, symbole de la frontière entre sa vie d’avant et celle d’aujourd’hui », expliquent-ils. Derrière ce rideau, Carima Amarouche, l’actrice qui incarne Sonia, dialogue avec elle, sans que son visage n’apparaisse jamais. Autour d’elle, d’autres comédiens rejouent les scènes-clés de la traque, tandis que les témoignages d’enquêteurs, du patron du RAID, de François Hollande, du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et de l’avocate de Sonia, viennent ancrer le récit dans le réel. « Ces voix lui donnent toute sa crédibilité », ajoutent les auteurs. « Nous voulions que le spectateur ressente autant la peur que la dignité de cette femme. »
Les réalisateurs ont suivi deux lignes directrices : la sécurité absolue de Sonia, avec un protocole validé par le ministère de l’Intérieur, et la fidélité totale à son témoignage. Les dialogues et les scènes reposent sur ses mots exacts, recueillis au fil d’entretiens menés sous haute confidentialité. Résultat ? Une œuvre bouleversante sur le courage d’une femme ordinaire confrontée à l’extraordinaire.
Cet article est paru dans le Télépro du 6/11/2025