Bain, quelle histoire : comment la salle de bains s’est imposée il n’y a pas si longtemps !

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La présence d’une salle de bains dans les foyers belges se généralise entre les années 1950 et 1970. Mais alors, comment nos grands-parents faisaient-ils leurs ablutions ?

L’hygiène corporelle en Europe a connu des variations au fil des siècles, oscillant entre l’importance du bain et la prédominance de la « toilette sèche », influencée par le statut social et les croyances médicales (l’eau était accusée de véhiculer les maladies). On se frictionnait alors avec des linges, humides ou non, et on utilisait des parfums pour masquer les odeurs.

Hygiène et santé

Avec les progrès de la médecine et la compréhension des liens entre hygiène et santé, l’hygiénisme se développe au XIXe siècle. L’accès à l’eau courante et le système d’égouts s’améliorent progressivement. Le bain complet reste un luxe ou une pratique occasionnelle, mais la toilette quotidienne à la bassine dans la chambre est courante, même chez les plus aisés.

À partir des années 1920, dans les grandes villes, l’accès généralisé à l’eau courante et l’installation de salles de bain dans les foyers transforment radicalement les habitudes. L’idéal de propreté moderne, incluant la douche ou le bain quotidien, l’utilisation de déodorants et le lavage fréquent des vêtements, s’établit lentement comme la norme sociale. Mais dans les couches populaires, il faut attendre les années 1950 à 1970 pour voir s’installer de vraies salles de bain dans les maisons.

Ce dimanche, Arte se focalise sur ces espaces dans la série « 100 ans d’évolution de l’habitat » après avoir évoqué le séjour et la « super cuisine », des reportages à voir ou revoir en ligne sur le site d’Arte.tv.

Bains-douches

« J’étais enfant dans les années 1950 », se souvent Huguette C. habitante d’une commune de la province de Liège. « À la maison, on faisait chauffer un peu d’eau pour se laver dans une bassine. Et chaque dimanche, on allait aux bains-douches publics. À l’accueil, les tickets coûtaient 2,50 francs (belges, ndlr) pour une douche, 5 francs pour un bain. Il fallait ensuite patienter dans l’une des deux salles d’attente (hommes ou femmes). Le temps était compté et quand on prolongeait le plaisir d’une pluie d’eau chaude, la gérante venait frapper à la porte de la cabine pour rappeler qu’il était temps de laisser la place au suivant ! »

À domicile

« Ce n’est qu’au tout début des années 1970 qu’une douche a été installée à la maison », poursuit Huguette. « Mariée et enceinte, j’aspirais à un peu plus de confort. Un petit tub et des rideaux de douche, c’était notre quotidien. Dès que l’on faisait couler l’eau chaude, les rideaux se collaient au corps…, mais c’était déjà plus confortable que les bains publics. »

Les bains-douches ont fermé les uns après les autres puis, pour préserver leur caractère patrimonial, ont été transformés en centres culturels et communautaires, en hôtellerie, espaces bien-être et même boîte de nuit (comme les fameux Bains-douches, à Paris)… Parmi de nombreux exemples : les anciens Bains et Thermes de la Sauvenière de Liège abritent désormais la Cité Miroir, un ensemble de lieux d’expositions, salle de spectacle, bibliothèque, librairie spécialisée…

Retour aux sources

Il existe encore quelques bains-douches publics en Belgique, comme dans d‘autres pays européens, organisés par des services sociaux, pour les personnes défavorisées ou sans domicile fixe, ainsi que dans certaines piscines communales. À Liège, par exemple, les bains publics de la piscine de Jonfosse sont accessibles et gratuits aux personnes ne disposant pas d’installations sanitaires suffisantes à domicile. À Bruxelles, les Bains du Centre proposent des douches sociales. À Tournai, les bains-douches ont perduré jusqu’à aujourd’hui et sont installés, depuis 2019, à deux pas de Technicité. Il s’agit sans doute de la dernière ville de Wallonie à financer elle-même ce service.

Cet article est paru dans le Télépro du 13/11/2025

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