Culture intensive du maïs : épi quoi ?

Le maïs est de plus en plus utilisé pour produire biocarburants, biogaz ou bioplastique © Getty Images

Les champs de maïs verdoient aux quatre coins du pays… Mais que fera-t-on de ce maïs après la récolte ? Pas du tout ce que vous imaginez !

Quand avez-vous mangé du maïs pour la dernière fois ? L’épi entier, grillé à la flamme. Les grains, sortis d’une boîte pour une salade. Préparé en polenta, à la place d’une purée. Ou soufflé en pop-corn, durant une séance de ciné… On ne mange pas du maïs tous les jours. Et pourtant, les champs de maïs se multiplient dans nos campagnes. Que fait-on de tous ces fruits ? C’est la question que pose Hugo Clément dans « Sur le front », lundi à 21h05 sur France 5.

Deux données confortent son interrogation. D’abord, le maïs est aujourd’hui la céréale la plus cultivée dans le monde, devant le riz et le blé. Ensuite, en France, les hommes ne mangent que 2 % de la production…

Un bond en avant

Le maïs est une culture relativement récente. En Belgique, on n’en produisait que très peu avant les années 1970. Et il faut attendre les années 1990 pour que les champs de maïs s’imposent vraiment dans nos paysages. Depuis, ils se sont bien implantés, rivalisant avec les grandes cultures traditionnelles : blé, colza, pommes de terre ou betteraves sucrières. Selon Statbel, le maïs occupait, en 2022, près de 250.000 hectares, soit 18 % des terres cultivables de notre pays. Si les surfaces cultivées sont importantes, ce sont surtout les rendements qui ont fait d’énormes bonds en avant. Les pionniers du maïs en France récoltaient 16 quintaux à l’hectare en 1948. Aujourd’hui, on dépasse les 100 quintaux. Pourquoi ? Parce que des variétés hybrides sont sans cesse conçues et améliorées par les scientifiques pour être toujours plus rentables.

Nourrir la planète

On distingue deux types de maïs : le maïs d’ensilage et le maïs en grains. L’ensilage désigne la conservation en silo du maïs destiné à l’alimentation animale. Le plant est récolté dans son entièreté (l’épi et les feuilles), broyé sur place, puis stocké pour nourrir le bétail.

À côté de ce maïs d’ensilage, on trouve donc le maïs en grains. Une fois séchés, ils peuvent entrer dans l’alimentation humaine. Mais cette opération de séchage étant coûteuse, les grains sont le plus souvent transformés en farine humide pour l’alimentation animale.

Biogaz et biocarburants

Depuis quelque temps, ces usages nourriciers sont de plus en plus souvent détournés. Pour produire biocarburants, biogaz et bioplastiques. Le biocarburant, c’est l’éthanol que l’on trouve à 5 % dans l’essence sans plomb 95 ou 98-E5, à 10 % dans la 95-E10… Le biogaz, c’est du méthane, utilisé comme gaz de ville. À l’origine, les unités de biométhanisation installées dans les exploitations agricoles avaient pour but de recycler les déchets, comme les bouses de vaches. Mais le maïs produisant bien plus de méthane que la bouse, certains sont tentés de l’utiliser à ces fins…

Pour les défenseurs de la nature, on marche sur la tête : on utilise des terres et de l’eau pour produire une denrée potentiellement alimentaire dont on fait finalement du gaz, du carburant ou du plastique.

Malbouffe

Une partie du maïs retourne toutefois à l’industrie alimentaire… mais dépourvu de toutes ses qualités nutritives ! Le grain est en effet fractionné pour en extraire l’amidon. C’est le sirop de glucose que l’on retrouve dans bon nombre d’aliments manufacturés. Un sucre pas cher, mais néfaste pour la santé ! Bien loin de l’épi que l’on croque à pleines dents, le maïs se met au service de la malbouffe.

Cet article est paru dans le Télépro du 12/6/2025

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