Dans le portable des présidents

Comme d’autres chefs d’États, Emmanuel Macron fut victime d’un logiciel espion israélien, Pegasus © Native - France Télévisions
Christine Masuy Journaliste

Qui peut se passer de son smartphone ? Certainement pas les chefs d’État ! C’est pour eux un outil précieux… mais très dangereux !

Depuis la rentrée, l’usage du téléphone portable est interdit dans toutes les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les établissements parviendront-ils à faire respecter la règle ? Pas simple. Les chefs d’État ont eux-mêmes beaucoup de difficultés à gérer leur usage du smartphone… Ce dimanche à 21h, France 5 et Laurent Delahousse se glissent « Dans le portable des présidents ». Pour certains, c’est juste un indispensable instrument de travail. Pour d’autres, c’est une arme… à double tranchant !

La révolution Obama

La sécurité de nos dirigeants est savamment pensée. Il en va de même de la confidentialité de leurs échanges. À l’époque de la diplomatie en face-à-face, les choses étaient simples. Elles se sont complexifiées au fil de l’évolution technologique. Il a d’abord fallu protéger les échanges téléphoniques. On se souvient notamment du Téléphone rouge – la ligne directe et sécurisée instaurée entre la Maison Blanche et le Kremlin au temps de la guerre froide. Mais c’est en 2008, avec l’élection de Barack Obama, que les choses se compliquent vraiment. Car Obama possède un BlackBerry, le premier portable intelligent, dont il refuse de se défaire lorsqu’il accède au pouvoir. La NSA (National Security Agency) doit reformater complètement l’appareil pour le sécuriser avant qu’il entre dans le Bureau ovale.

Piratage et espionnage

C’est, depuis, devenu la norme : avant d’être mis dans les mains d’un chef d’État, un smartphone est démonté pour être renforcé avec des composants sécurisés. Toutes les communications sont ensuite cryptées. Pour éviter l’espionnage, certains capteurs (micro, caméra) sont parfois désactivés. Et pour réduire le risque de piratage, seuls un nombre restreint de logiciels sont autorisés. On se méfie par exemple de TikTok, soupçonné de fournir des données aux autorités chinoises. Mais certains logiciels espions réussissent à s’installer en douce… Ainsi Pegasus, un logiciel israélien, retrouvé en 2021 dans les portables d’une quinzaine de chefs d’État, parmi lesquels Emmanuel Macron et Charles Michel, alors président du Conseil européen.

De lourdes conséquences

Malgré les précautions, il reste toujours des failles… Si le smartphone d’Emmanuel Macron est ultrasécurisé, certains petits malins ont quand même pu anticiper tous ses déplacements à l’étranger via l’appli de running Strava installée sur le portable de ses gardes du corps. Pour éviter tout problème, Vladimir Poutine (Russie) et Xi Jinping (Chine) n’utilisent jamais de smartphone. À l’inverse de Donald Trump, qui bafoue toute règle de prudence. Lors de son arrivée à la Maison Blanche, il a refusé de confier son iPhone aux services de sécurité. Résultat : on sait que l’appareil a été mis sur écoute par les services secrets russes et chinois. Mais Trump veut tweeter à tout prix. Au cours de son premier mandat, il a posté pas moins de 11.000 tweets. À sa suite, d’autres leaders ont pris l’habitude de raconter leurs faits, gestes et émotions en direct sur les réseaux. Dans leurs mains, le smartphone est devenu une arme de communication massive. Et sans filtre. Principal danger : poster sans recul ni réflexion de petites phrases aux lourdes conséquences. Ainsi quand Trump traite Joe Biden de fou ou menace directement l’Iran… Les services de sécurité tentent de maîtriser les technologies, mais ils ne peuvent rien contre les humains qui en usent et abusent.

Cet article est paru dans le Télépro du 4/9/2025

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