Drone de guerre !

Lundi soir, La Trois consacre son « Grand dossier » à la menace posée par les drones, avant le documentaire « Drones de guerre », à 21.40 © RTBF

Cent ans après son invention, l’avion sans pilote fait dorénavant partie de l’arsenal des armées et des terroristes. Ce lundi à 20h35, La Trois consacre la soirée au sujet, avec « Le Grand dossier – Drones, la grande menace ? ».

En 1917, Archibald Montgomery Low a 29 ans. Pour aider son pays en guerre, le physicien londonien vient de mettre au point une quarantaine d’inventions, des commandes radio pour torpilles et fusées, notamment. Les Allemands le redoutent tant qu’ils ont essayé par deux fois de l’éliminer. En tirant sur sa maison d’abord, en tentant de l’empoisonner avec une cigarette à la strychnine ensuite. Pas suffisant pour le dissuader de poursuivre ses recherches. En ce mois de mars 1917, le voilà qui s’apprête à faire voler un avion sans pilote ! Et ça marche. Enfin, ça vole. Son « Aerial target » (« Cible aérienne ») est considéré comme le premier drone à avoir volé de manière contrôlée.

Ailleurs aussi on s’active. Les États-Unis conçoivent un lanceur de torpilles sans pilote, tandis qu’en France, Max Boucher réussit le décollage d’un avion sans pilote sur 500 mètres. Les recherches volent bas. Pas pour longtemps.

Le faux bourdon

Dans un ouvrage de 1925, « Le Futur », Archibald Montgomery Low décrit comment il imagine le monde cent ans plus tard, en 2025. Ce qu’il prédit est incroyablement prémonitoire.

Archibald Montgomery Low (1888-1956) fut surnommé le « père du radioguidage » © Getty Images

L’Humanité, écrit-il, sera parvenue à exploiter l’énergie issue du vent et des vagues, des caméras « secrètes » seront utilisées pour arrêter des criminels, des radios-réveils se chargeront de faire lever tout le monde… Par contre, il ne voit pas l’essor de son invention, dans les conflits militaires en particulier. La Première Guerre mondiale achevée, les projets de drones battent de l’aile et tombent dans l’oubli. Enfin presque, car dans les années 1930, le nom « drone » apparaît pour désigner ces engins sans équipage et télécommandés. « Drone », qui signifie en anglais le « faux bourdon », le mâle de l’abeille. Pourquoi drone ? « À cause du bruit des premiers engins volants sans pilote et de leur absence de « conscience » propre », explique Le dictionnaire de l’Académie française.

Décollage compliqué

La Seconde Guerre mondiale arrive, les drones reprennent du service, furtivement. En septembre 1944, la marine américaine en utilise pour bombarder des navires japonais. Généralement considérés comme les premiers drones de combat de l’US Navy, ils rentrent dans les hangars à la fin du conflit. La guerre froide se charge de les en sortir. Soviétiques et Américains remplacent les avions habités pour des missions dangereuses de reconnaissance et de surveillance de l’ennemi. Point commun entre les appareils des deux camps : ils sont rudimentaires et coûteux, donc peu utilisés.

L’envol

Il faut attendre les attentats du 11-Septembre pour voir décoller l’usage des drones militaires. Comme l’explique le magazine Le Point, ils deviennent, pour les États-Unis, le symbole de la lutte contre le terrorisme. Surveillance, renseignement, frappes ciblées : les USA développent et déploient cette technologie moins coûteuse que des avions de chasse ou l’envoi de troupes au sol. Nouvelle évolution actuellement, en Ukraine. Les forces en présence utilisent principalement des drones civils artisanaux de petites tailles et bon marché. Kiev envisage d’en produire 4,5 millions cette année. Engins de mort, les drones peuvent aussi jouer un rôle dans les opérations de guerre psychologique. Les survols récents et répétés de l’espace aérien européen par des appareils non identifiés en attestent. Archibald Montgomery Low ne l’avait pas prévu non plus. 

Cet article est paru dans le Télépro du 16/10/2025

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici