Écologie : qui voit encore l’avenir en vert ?

Qui, sans cette légende, reconnaîtrait et nommerait les actuels coprésidents d’Ecolo, Samuel Cogolati et Marie Lecocq ? © Getty Images

Malgré l’urgence climatique et la détérioration de la biodiversité, les partis écologistes peinent à s’imposer politiquement. Pourquoi ?

On n’a jamais autant parlé d’écologie, mais en Belgique comme dans les autres pays européens, les Verts ne sont plus au pouvoir. Pour quelles raisons ? « Climat : pourquoi tout le monde s’en fout ? », telle est la question posée dans le débat du « Grand dossier », lundi à 20h35 sur La Trois. Analyse avec le politologue Pierre Verjans, chargé de cours honoraire à l’ULiège.

Pourquoi le parti Ecolo est-il en perte de vitesse ?

Les partis écologistes ont été poussés à tous les niveaux de pouvoir aux élections de 2018 et 2019 par la prise de conscience de la jeune génération, mobilisée par l’urgence climatique. Mais les mesures qu’ils ont prises ont été perçues négativement. Elles n’étaient pas adaptées. Les citoyens ont eu l’impression de subir une écologie punitive, qui allait à l’encontre de leur manière de fonctionner, de se déplacer, de se chauffer… Ce qu’ils souhaitent, c’est avant tout conserver leur qualité de vie. Et ils n’ont pas compris l’utilité de leur responsabilité individuelle au niveau de l’histoire globale de l’Humanité. Les élus Ecolo se sont vus porter la responsabilité négative de décisions pourtant adoptées par la coalition. Les citoyens ont confiance dans les rapports du GIEC, ils ont conscience de l’urgence d’agir, mais les mesures prises ne sont pas bien perçues car elles ne sont pas non plus suffisamment expliquées.

Les écologistes ne seraient pas assez pédagogues ?

Une fois élus, les Verts n’ont pas pris assez soin de leur base, il aurait fallu bien expliquer les choix adoptés pour les justifier. Ils ont manqué de clairvoyance, d’autant que comme tout nouveau parti au pouvoir, ils ont subi des attaques de toutes parts. Dont celles des lobbys des énergies fossiles. Ces acteurs économiques sont très forts et leur campagne a été reprise par l’extrême droite, qui préfère des solutions simplistes. Toutes les armes de la démagogie ont été utilisées. Les Ecolo se sont retrouvés face à un barrage, renforcé par le « trumpisme ».

Et face à des citoyens qui n’ont pas envie de changer leurs habitudes ?

Oui, il faut aussi tenir compte de la résistance au changement. Des études démontrent que quand on est touché dans sa qualité de vie par une mesure prise pour le bien collectif, on rejette cette mesure sans réaliser que la sanction sera collective. Le comportement individuel évolue très lentement. Le travail pédagogique est immense.

Les autres partis n’ont-ils pas affaibli la spécificité des Verts en intégrant l’écologie dans leurs programmes ?

Il y a eu tentative de récupération. Les autres partis ont fait croire qu’ils étaient devenus sensibles aux préoccupations écologiques, mais en Belgique, cette mandature ne prend pas de mesures en faveur de l’environnement. La victoire du MR vient, notamment, de ses propos provocateurs et de la logique des réseaux sociaux : les algorithmes favorisent les polémiques. Elles engendrent plus de clics, donc plus de rentrées publicitaires. Les publications outrancières sont plus largement diffusées que les nuancées, qui demandent plus de 42 secondes de lecture… Or il n’est pas dans l’ADN des Verts de tenir des propos simplistes, les rapports scientifiques du GIEC ne peuvent pas non plus être simplifiés. Leur parole est donc moins bien relayée.

Cataclysmes, les grands régulateurs

Après son débat sur l’écologie, lundi soir, La Trois diffuse le documentaire « Cataclysmes, les grands régulateurs ». Longtemps, on a considéré que chaque cataclysme était un phénomène isolé. Aujourd’hui, les scientifiques découvrent que des liens existent entre ces événements extrêmes. Ils démontrent que l’éruption d’un volcan affecte les océans, que des typhons peuvent provoquer des tremblements de terre, que la fonte des glaces risque de réveiller des volcans…

Cet article est paru dans le Télépro du 13/11/2025

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