Pratiquement tous les États de la planète vivent au-dessus de leurs moyens. Un monde de dette en pleine croissance. Le sujet est évoqué ce dimanche à 21h05 sur France 5 dans un «C dans l’air spécial».
« La Belgique, quatrième pays européen le plus endetté », « La dette des États-Unis devrait bientôt dépasser celle de la Grèce et de l’Italie », « La dette publique de la France a atteint un nouveau record absolu ». Chaque jour, ou presque, la presse déverse son lot de titres inquiétants et de superlatifs pour évoquer la dette publique dans le monde. Selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), elle atteignait, l’année dernière, le montant record de « 102.000 milliards de dollars, les pays en développement étant les plus durement touchés. Aujourd’hui, 3,4 milliards de personnes (1 personne sur 4) vivent dans des pays qui consacrent plus d’argent au paiement des intérêts de leur dette que pour la santé ou l’éducation. »
La dette publique, c’est quoi ?
« Ensemble des engagements financiers des administrations publiques en cours, à la fin d’une période donnée » : c’est la définition donnée par le Crisp, le Centre de recherche et d’information socio-politiques. Au Moyen Âge déjà, le Prince y recourait pour payer son armée. Et il réglait personnellement la note. Puis, les guerres ont pris de l’ampleur, se sont multipliées. Les dépenses ont augmenté, l’État a pris le relais du monarque. « Il s’agit alors, à proprement parler, de dettes publiques ». Aujourd’hui, la dette publique belge est l’ensemble des emprunts contractés par l’État fédéral, les Régions, les Communautés, les communes et la sécurité sociale pour financer leurs dépenses. Dette publique ou d’État ? Publique : elle inclut les emprunts de toutes les administrations publiques. D’État : elle ne concerne que les emprunts de l’État central.
Pourquoi s’endetter ?
Pour financer ses dépenses publiques (routes, bâtiments, salaires des fonctionnaires, défense…), la Belgique emprunte. Chaque année, elle doit se doter d’un budget. D’un côté ses dépenses, de l’autre, ses ressources (impôts, taxes, dividendes des entreprises dont l’État est actionnaire…). Problème : la balance penche du côtédes dépenses. Depuis quand ? Des siècles. Elle a augmenté sensiblement à partir des années 1970, explosé dans les années 1980 et au début des années 1990.
Combien ça coûte ?
Qui dit dette dit intérêts. Cette année, ceux-ci s’élèvent, pour la Belgique, à près de 11 milliards. Nous ne sommes pas seuls dans le cas. « Au sein de l’Union européenne, la dette publique des États membres, atteignant 81,9 % du PIB, en moyenne », note le site Toute l’Europe. La Belgique est le quatrième pays de l’Union européenne le plus endetté : la dette publique s’élevait à 106,2 % du Produit intérieur brut au deuxième trimestre 2025, soit 670,665 milliards d’euros.
À qui profite la dette ?
« Tout le monde peut acheter de notre dette via les obligations gouvernementales et autres certificats de trésorerie belges », écrit La Libre Éco. Surtout des investisseurs professionnels. Qui sont-ils ? La Belgique emprunte principalement auprès d’investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension, les fonds d’assurance, les banques, les fonds d’investissement souverains et les fonds spéculatifs. La Banque Centrale Européenne (BCE) détient également une part significative de la dette belge. La détention de la dette publique s’est aussi internationalisée. Le pourcentage de détenteurs non-résidents se situe autour de 50 % en moyenne dans la zone euro.
À qui profite la dette ? Au bout du compte, les déficits publics générés par la dette peuvent servir à financer l’économie (un État peut s’endetter pour financer des routes ou la transition énergétique, et ainsi stimuler l’activité économique et l’emploi), mais les bénéficiaires ultimes sont les créanciers qui touchent les intérêts sur les prêts accordés à l’État.
Cet article est paru dans le Télépro du 6/11/2025