Finance et arnaques : l’odeur de l’argent sale

Mardi soir, Arte plonge dans les arcanes peu reluisants de la finance © Getty Images

Ils sont banquiers, traders, spécialistes de la finance. Ce sont surtout leurs qualités d’escrocs et les scandales financiers provoqués qui les ont rendus célèbres. Ce mardi à 22h30, Arte diffuse « Moneyland, l’argent sale de la finance ».

Ça sent la tulipe

Apparition de la monnaie et scandales sont pratiquement concomitants. Au VIe siècle av. J.-C., le roi lydien Crésus introduit les pièces d’or (les paillettes du précieux métal étant abondantes dans la rivière Pactole). Très vite, d’autres souverains lui emboîtent le pas. Les premières arnaques apparaissent. Pour s’enrichir ou cacher des dettes, certains monarques décident de diminuer le poids des pièces (alors qu’ils étaient garants de leur valeur). Le premier scandale financier de grande ampleur serait à mettre au crédit de nos voisins du Nord. En 1637, les Pays-Bas s’appellent les Provinces-Unies. Un commerce florissant leur vaut de devenir la première puissance économique mondiale. Jusqu’à ce que la tulipe montre le bout de son bulbe. La fleur originaire d’Asie Mineure (la Turquie actuelle) est considérée comme un produit de luxe. À l’instar des œuvres d’art, seuls les nantis ont les moyens de se l’offrir. C’est alors qu’apparaissent les billets à effet (l’équivalent des options actuelles). Ils précisent les caractéristiques du bulbe et son prix. Les acheteurs se les arrachent et se les revendent. La spéculation fait florès. Les bulbes des variétés les plus rares se vendent à prix d’or, « l’équivalent de deux maisons en ville », précise le site Finance pour tous. Jusqu’au 3 février 1637. Ce jour-là, aucun acheteur ne se présente dans un des lieux de ventes bien connu. La raison : une épidémie de peste bubonique. La conséquence : panique sur les marchés, les bulbes perdent plus de 90 % de leur valeur. C’est le krach et la faillite pour de nombreux investisseurs.

Ça sent la magouille

Charles Ponzi n’a sans doute pas construit l’obélisque ou le temple de Louxor. Par contre, il est l’inventeur de la fameuse pyramide qui porte son nom. Originaire d’Émilie-Romagne, il débarque aux États-Unis en 1903. La légende raconte qu’il n’a pour toute richesse que ses 21 ans et 2,50 dollars en poche quand il arrive à Boston. Après une série d’arnaques à la petite semaine et des passages par la case « prison », il prend une tout autre dimension en 1919. La fraude qu’il lance est cette fois de grande ampleur. « Alternatives économiques » la résume ainsi : il appâte les épargnants en leur promettant de hauts niveaux de rendement financier (versés sous forme de dividendes ou d’intérêt). Tout ou partie sont en réalité prélevés sur les apports des nouveaux souscripteurs. Résultat : quand les épargnants décident de retirer leur argent massivement, la pyramide s’écroule. C’est ce qui se passe en 1921. 40.000 personnes ont investi dans ce système un total de 15 millions de dollars. Un tiers de ce montant seulement est remboursé. De la roupie de sansonnet à côté du même système utilisé près d’un siècle plus tard par l’homme d’affaires américain Bernard Madoff. Sa pyramide de rendements trop beaux pour être honnêtes a fonctionné pendant 48 ans. Elle porterait sur un montant de 65 milliards de dollars.

Ça sent le roussi

Le « dieselgate » de Volkswagen et ses trucages de moteurs, les maquillages des comptes de la société énergétique Enron pour dissimuler des dettes faramineuses, les fraudes comptables massives pour le géant de l’industrie laitière, l’Italien Parmalat, et la société allemande de services financiers Wirecard : la liste des affaires financières au parfum de scandale est longue. Arte nous emmène mardi dans les méandres de l’argent sale de la finance. Qui a dit qu’il n’avait pas d’odeur ?

Cet article est paru dans le Télépro du 22/5/2025

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