Gardiens de la révolution en Iran : au pays des mollahs

Depuis le 13 juin 2025, le commandant des Gardiens de la révolution est le général Mohammad Pakpour © Middle East Images/AFP via Getty Images

Israël veut faire tomber la dictature iranienne. Mais qui détient vraiment le pouvoir en Iran ? Les Gardiens de la révolution sont pointés du doigt.

Depuis le 13 juin, Israël a multiplié les frappes contre l’Iran. Soutenu par Trump, Netanyahou a pour objectif de faire tomber le régime des mollahs. L’ayatollah Khamenei, Guide suprême du pays, ne fut cependant pas la première cible des attaques. Pas plus que le président de la République. Par contre, Israël a très vite annoncé avoir tué le commandant en chef du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI). Pourquoi ? Parce qu’au fil des ans, cette milice est devenue la colonne vertébrale du régime iranien. Comme en témoigne « Gardiens de la révolution, les maîtres de l’Iran », le documentaire proposé mardi à 21h par Arte.

République islamique

Au numéro 15 de l’avenue Franklin Roosevelt à Bruxelles, la plaque posée sur la grille est explicite : Ambassade de la République islamique d’Iran. Depuis la révolution de 1979, l’Iran est une théocratie régie par des lois inspirées de la charia. Les autorités religieuses se sont peu à peu imposées dans la vie politique iranienne dès la fin du XIXe siècle. Dans les années 1960, un ayatollah du nom de Khomeiny s’oppose au régime du Shah, l’accusant d’être à la botte des États-Unis. Exilé en Irak puis en France, Khomeiny rentre triomphalement en Iran en 1979 pour instaurer une république islamique. Il en sera le Guide suprême jusqu’à son décès, en 1989. C’est l’ayatollah Khamenei qui occupe la fonction depuis.

Candidats filtrés

Le Guide suprême est officiellement la principale autorité religieuse et politique du pays. De lui dépend le président de la République, qui n’exerce en quelque sorte que des fonctions de Premier ministre. Bani Sadr, Rafsandjani, Ahmadinejad… Une dizaine d’hommes se sont succédé à ce poste jusqu’à l’élection de l’actuel président Pezeshkian, en 2024. L’élection présidentielle est organisée au suffrage universel. Mais seuls peuvent s’y présenter les candidats filtrés par les Gardiens de la révolution. C’est donc eux qui, au final, tirent les ficelles du pouvoir…

Toujours plus forts

Comme leur nom l’indique, les Gardiens de la révolution se sont donné pour première mission de préserver les acquis de la révolution de 1979. C’étaient au départ de petites cellules révolutionnaires locales, qui s’assuraient que les lois islamiques étaient bien respectées. Peu à peu, elles se sont approprié les pouvoirs locaux, puis les tribunaux… La guerre Iran-Irak (1980-1988) leur a permis de s’unifier, s’organiser et s’amplifier. En 1989, quand l’ayatollah Khamenei arrive au pouvoir, les Gardiens sont devenus une véritable milice de centaines de milliers d’hommes, plus puissante que l’armée régulière. Inquiet, Khamenei espère les intégrer à l’armée. Les Gardiens menacent alors de renverser le Guide suprême. Ils sont désormais les plus forts et vont le devenir plus encore. Car ils obtiennent le droit de se présenter aux élections tant locales que nationales. C’est ainsi qu’un Gardien de la révolution, Mahmoud Ahmadinejad, devient président de la République en 2005.

Les clés du pouvoir

Ahmadinejad lancera la privatisation de grandes entreprises publiques (banques, télécoms, acier, gaz, pétrole…) au profit d’investisseurs privés, membres des Gardiens. Après s’être imposés comme les garants idéologiques de la loi islamique, après s’être pratiquement substitués à l’armée, les Gardiens de la révolution se sont donc infiltrés au cœur de l’économie iranienne. Ils détiennent désormais toutes les clés du pouvoir. Mais jusqu’à quand ?

Cet article est paru dans le Télépro du 26/6/2025

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