Lundi à 23h, France 3 nous plonge dans la troisième édition d’un prix littéraire peu banal : le Goncourt décerné par des détenus.
Dans l’univers du célèbre prix littéraire Goncourt, si la version « lycéenne » est connue, le choix opéré par les détenus français est plus récent et moins médiatique. Comment cette sélection au sein des prisons s’opère-t-elle ? Quel impact cette jeune démarche a-t-elle sur les prisonniers ? Réponses.
3 mois, 16 livres
L’année dernière, ils étaient près de 600 participants volontaires issus de 45 centres pénitentiaires à se lancer dans un travail intense : dévorer et analyser seize livres, en l’espace de trois mois. Objectif ? Décider lequel d’entre eux est digne des honneurs du troisième prix Goncourt des détenus. Durant cette première étape, les jurés voient leurs différentes lectures rythmées par des séances de débats animées, entre autres, par des professionnels du monde carcéral, le personnel d’insertion ou de surveillance, mais aussi par des partenaires extérieurs, à l’instar de coordinateurs culturels, d’enseignants et de libraires, le tout au sein de leur établissement. Pour approfondir leur réflexion, de nombreuses rencontres sont aussi organisées avec les auteurs eux-mêmes, à distance ou en présentiel. Après cette phase de réflexion, d’échange et de délibération, viennent les rencontres interrégionales où des représentants de chaque centre y défendent les trois ouvrages retenus par leur groupe. Enfin, en décembre, dix délégués nationaux se réunissent à huis clos pour décider du choix final.
Réinsertion à l’horizon
Outre la passionnante aventure culturelle que représente le Goncourt des détenus pour les personnes incarcérées, la lecture apparaît comme un vecteur de réinsertion. « Développer la pratique culturelle au sein des établissements pénitentiaires est un levier efficace pour préparer la réinsertion des détenus et mieux prévenir la récidive », indique le ministère de la Justice. « La lecture participe notamment à l’approfondissement des savoirs de base et à l’acquisition de compétences tant sociales que professionnelles, essentielles pour le retour à la vie en société. » Et les détenus sont loin d’être les seuls à tirer un bénéfice de l’expérience, les auteurs célébrés par ce prix vivent, eux-aussi, une expérience hors norme. « C’est une joie immense, un prix magnifique dont j’ai pu découvrir l’exigence lors des visites en maison d’arrêt », affirme le lauréat 2023, Mokhtar Amoudi, récompensé pour « Les Conditions idéales » (Gallimard). « Les choses parmi les plus intéressantes que j’ai entendues sur mon roman furent prononcées dans ces prisons. »
Le 16 décembre prochain, les délégués nationaux proclameront le lauréat 2025 entre les murs du Centre national du livre, coorganisateur de l’événement.
Cet article est paru dans le Télépro du 30/10/2025