Que faire des corps après la mort ? Aujourd’hui on a le choix entre inhumation et crémation. Mais certains envisagent une troisième voie : l’humusation… Ce mercredi à 22h30, Arte diffuse le documentaire « Compostez-moi – L’enterrement bio ».
Le recyclage est tendance. Papier, verre, plastique… Jusque dans les années 1980, tous nos déchets étaient enfouis ou incinérés. Au mépris de l’environnement. Depuis, la prise de conscience écologique s’est amplifiée et le recyclage largement développé. Mais certains voudraient aller encore plus loin, en recyclant les corps humains. Comment ? En les compostant. Le procédé porte un joli nom : l’humusation. À découvrir ce mercredi, sur Arte, avec le documentaire « Compostez-moi ».
Empreinte carbone
La vie évolue, la mort aussi. Nos grands-parents étaient inhumés, en pleine terre ou dans un caveau. L’enterrement était la seule pratique légale en Belgique jusqu’en 1971. Cette année-là, une loi permet la crémation des corps. Mais celle-ci met très longtemps à s’imposer, car elle choque les habitudes culturelles et s’oppose à la doctrine de l’Église. Néanmoins, elle fait peu à peu son chemin. Et en 2012, finit par supplanter l’inhumation. L’an dernier, 68,9 % des défunts l’ont choisie dans notre pays. Ils sont plus nombreux en Flandre (3 sur 4) qu’en Wallonie (1 sur 2). Mais certains citoyens militent déjà pour une troisième voie : l’humusation. C’est-à-dire ? Le compostage du corps humain. Soucieux de diminuer leur empreinte carbone de leur vivant, ils souhaitent faire de même après leur mort.
Des dépouilles de porcs
À l’heure actuelle, l’humusation n’est pas légale en Belgique. La problématique a toutefois été évoquée à plusieurs reprises par les parlements régionaux, compétents en matière funéraire. En réponse à la question d’un député Écolo, Céline Tellier, alors ministre de l’Environnement, de la Nature et de la Forêt, a expliqué le principe devant le Parlement de Wallonie : « Les dépouilles sont déposées sur un lit de matière compostable (broyat de branches, feuilles…) et recouvertes de ce même matériau jusqu’à formation d’une butte. Après trois mois sans intervention, les os nus sont récupérés, broyés et réintégrés à la butte pour maturation du compost. » En 2019 et 2020, des études expérimentales ont été menées par l’UCL avec des dépouilles de porcs, mais elles ne se sont pas révélées concluantes.
Made in USA
La décomposition de la matière organique est pourtant le procédé le plus naturel qui soit. C’est le compost que vous faites au fond de votre jardin. C’est la couche de feuilles mortes qui se transforme en humus au cours de l’hiver pour régénérer la terre. Les partisans de l’humusation soulignent son aspect écologique. Alors que l’inhumation pollue les sols et que la crémation consomme une énergie folle. Ces arguments n’ont pas encore réussi à faire évoluer les lois belges, mais les choses bougent déjà dans d’autres pays. Notamment en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suède, où la réflexion semble plus avancée que chez nous. Mais pour l’heure, seuls quelques États américains autorisent officiellement l’humusation.
Devenir un arbre
Outre l’aspect technique, l’humusation pose une série de questions psychologiques et culturelles. Comment les proches du défunt vont-ils vivre cette transformation du corps en humus ? Il est évidemment essentiel de créer des rituels, afin que le dernier adieu à un être cher soit autre chose qu’une opération de compostage. Mais certains voient déjà dans l’humusation une alternative au néant de la mort : je reste sur terre, je me transforme, je rends à la nature ce qu’elle m’a donné, je deviens un arbre…
Cet article est paru dans le Télépro du 25/9/2025