Depuis plusieurs dizaines d’années, les pays de la région passent d’un régime à l’autre, sous l’influence des grandes puissances mondiales. Ce mardi à 21h, Arte diffuse «Amérique latine, un continent sous influences».
Depuis la Seconde Guerre mondiale, putschs en série, répressions féroces, guerres civiles, narcotrafic et effondrements financiers dessinent le tableau d’une Amérique latine à la fois instable, fiévreuse et violente. Si des différences existent entre les pays, de grandes tendances leurs sont communes. Trois documentaires diffusés mardi sur Arte reviennent sur les défis spécifiques de ce continent.
Viva la revolución
1er janvier 1959. Juché sur une jeep, entouré de camarades d’armes aussi barbus que lui, Fidel Castro entre en vainqueur dans les rues de Santiago de Cuba. Après deux années de lutte, le révolutionnaire communiste et ses troupes renversent le régime de Fulgencio Batista. Le général dictateur avait pris le pouvoir en 1952, reconnu et soutenu par les États-Unis. Pour ceux-ci cette défaite est une gifle. Pas question de voir le scénario se répéter. Pas question que le communisme « contamine » d’autres pays en Amérique latine.
Le siège de La Moneda
11 septembre 1973. Retranché dans son palais de La Moneda assiégé, le président chilien Salvador Allende prononce un tragique discours d’adieu à la population. « Vive le Chili, vive le peuple, vive les travailleurs ! », lance-t-il avant de tomber, arme à la main, face aux forces militaires de l’armée, dirigées par le général Augusto Pinochet. L’auteur du coup d’État a le soutien du président Richard Nixon. Échaudés par la révolution cubaine et ses conséquences, les Américains craignent en effet de voir le Chili céder à l’appel des sirènes du socialisme, cubaines et soviétiques en tête. Pour Washington, cette situation serait synonyme de perte d’investissements et de menace sur leur rôle dans la région. Une position qu’ils veulent dominantes depuis longtemps, bien plus longtemps que 1964, année durant laquelle le président Lyndon Johnson avait soutenule coup d’État militaire au Brésil.
Doctrine Monroe
2 décembre 1823, le président américain James Monroe prononce son message annuel au Congrès. Il y dresse les grandes orientations de la politique étrangère du pays. Concernant l’Amérique latine, il est on ne peut plus claire. Pas question pour l’Europe « qu’elle y mette son nez ». La région est une chasse gardée des États-Unis et elle doit le rester. C’est « la doctrine Monroe ». 81 ans plus tard, le président Theodore Roosevelt tape sur le clou et va plus loin. Le 6 décembre 1904, il promeut le droit des États-Unis d’intervenir partout sur la planète, y compris militairement. C’est « le corollaire Roosevelt ».
Eaux troubles
Depuis, la position des États-Unis en Amérique latine est aussi complexe que contrastée. Selon le président en place à la Maison Blanche, elle peut changer radicalement. Le républicain Richard Nixon soutenait Pinochet ? Jimmy Carter, le démocrate, refuse de collaborer avec les régimes militaires. Par ailleurs, il rend au Panama le contrôle de son canal et laisse les rebelles sandinistes (de gauche) triompher au Nicaragua. Nouveau changement de décors avec l’arrivé du républicain Ronald Reagan dans le bureau ovale. Sa doctrine : une politique interventionniste en Amérique latine, axée sur la lutte contre l’influence soviétique et le soutien à des mouvements anticommunistes. Conséquence : au Nicaragua, son administration soutient les Contras contre le gouvernement sandiniste. Entre soutien aux juntes militaires et alliance avec des forces démocratiques, le cœur des États-Unis balance.
Et maintenant ?
Les enjeux économiques jouent un rôle important dans ce contexte. Le président Trump a d’ailleurs remis au goût du jour la situation du canal de Panama (qui relie l’océan Pacifique à la mer des Caraïbes et donc à l’océan Atlantique), sur fond de guerre commerciale avec la Chine. « L’année 2025 annonce une période charnière en Amérique latine », écrit la plateforme scientifique francophone Cairn.info. La République populaire de Chine est devenue l’un des principaux partenaires commerciaux du Brésil, mais également du Mexique, du Panama, de l’Argentine, du Pérou ou de l’Équateur ». La bataille commerciale pour l’Amérique latine est engagée.
Cet article est paru dans le Télépro du 19/6/2025