Le seconde main, tout le monde y vient !

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Acheter d’occasion, c’est bon pour la planète et le portemonnaie… Mais c’est aussi un juteux business !

« Acheter en seconde main ? Jamais ! Des vêtements portés par d’autres, des livres qui ont traîné on ne sait où… Quelle horreur ! » Nos grands-mères avaient souvent ce genre de réaction. Le marché de l’occasion était alors limité aux voitures et aux biens immobiliers. Pour le reste, on voulait du neuf. C’était au temps des Golden Sixties et de la société de consommation. Mais les choses ont bien changé depuis… Samedi à 13h40 sur TF1, « Reportages découverte » s’intéresse au boom de la seconde main.

Moins cher, moins polluant

L’an dernier, 44 % des Belges ont vendu des biens en seconde main. Et près de trois Belges sur quatre se disent favorables aux achats d’occasion. Selon l’étude publiée par RetailDetail, la première motivation (pour 64,5 % des personnes interrogées) est l’avantage financier. Car le produit d’occasion coûte forcément moins cher que le neuf. En 2024, le marché automobile en a fait la preuve. Alors que l’immatriculation de voitures neuves a chuté de 6 %, celle des véhicules d’occasion a bondi de 5,6 %. Autre motivation des acheteurs : un moindre impact sur la planète. Notamment dans le secteur de la mode. Car on sait désormais que l’industrie vestimentaire est l’une des plus polluantes qui soit.

Le phénomène Vinted

Si la seconde main est tendance, c’est aussi qu’elle est plus accessible qu’autrefois. Souvenez-vous de cette époque où il fallait passer par les petites annonces des toutes-boîtes ou les cartons manuscrits épinglés à l’entrée des supermarchés… Le Web a évidemment tout changé. D’abord avec eBay, puis des sites comme 2emain.be, jusqu’à l’immense succès de Vinted. Créée en 2008, la start-up lituanienne compte aujourd’hui 80 millions d’utilisateurs dans le monde. Au premier trimestre 2025, Vinted – « Faites de la seconde main votre premier choix » – est même devenu le premier vendeur de vêtements en France, devant les marques et les enseignes classiques.

Chaussure à son pied

De tous les secteurs de la seconde main, c’est celui de la mode qui pèse le plus lourd. En 2023, on l’estimait à 420 millions d’euros en Belgique. Avec, entre 2022 et 2023, une hausse de 14 % pour les vêtements, 19 % pour les accessoires et… 60 % pour les chaussures ! Qui aurait imaginé porter des chaussures de seconde main (ou pied) il y a encore quelques petites années ? Durant des décennies, les fringues d’occasion étaient l’apanage du secteur associatif : Les Petits Riens, Oxfam, La Croix-Rouge… La revente de vêtements avait d’abord un objectif social. Voire humanitaire. Les fripes à petits prix étaient surtout achetées par des personnes précarisées. Seuls quelques bobos poussaient la porte de ces boutiques pour s’y habiller…

Effets pervers

Aujourd’hui, à côté des friperies, on a vu éclore bon nombre d’autres commerces de seconde main. Certains spécialisés dans le mobilier, l’électronique ou les jouets. La tendance est tellement prégnante que de grandes marques s’y sont mises, proposant un espace dédié aux occases : de Carrefour à Decathlon, de Kiabi à … Balenciaga ! Tout cela fait peu à peu entrer le seconde main dans les habitudes. Mais les analystes n’y voient pas que des avantages. D’abord, cela ne laisse plus guère de place au don. Ensuite, malgré la volonté affichée de réduire la consommation, cela aurait plutôt l’effet inverse : puisque c’est moins cher et que l’on peut revendre, on a tendance à acheter encore davantage !

Cet article est paru dans le Télépro du 12/6/2025

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