Les morts de la tour Eiffel 

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Christine Masuy Journaliste

Accidents, suicides ou paris stupides… Il y aurait eu plusieurs centaines de morts à la tour Eiffel depuis son inauguration en 1889.

«Le Crime de la tour Eiffel » – tel est le titre du téléfilm diffusé lundi à 20h15 sur La Une. Il s’agit évidemment d’une histoire. Mais la réalité rejoint parfois la fiction… Avec 7 millions de visiteurs par an, la tour Eiffel connait son lot d’incidents, parfois mortels. Des crimes ? Il se peut bien qu’il y en ait eu un… Le 9 février 1963, Francisco et Dolores, un couple d’immigrés espagnols, prennent leurs billets pour la tour Eiffel. Elle le trompe, il le sait. Arrivés au deuxième étage du monument, Francisco demande des explications à sa femme. Quelques instants après, elle passe par-dessus la rambarde et se tue en contrebas. Que s’est-il passé ? L’homme dit qu’il a assisté impuissant au suicide de sa femme, mais des témoins affirment qu’il l’a poussée… Francisco échappe à une condamnation pour meurtre. Mais en 2011, rentré au pays, il est arrêté pour avoir tué un retraité à Torremolinos ! Et s’il avait commis le crime parfait, un demi-siècle plus tôt, sur la tour Eiffel ?

Accident de chantier

La rumeur a récemment circulé, mais c’est une fake news : non, il n’y a pas eu 300 morts lors de la construction de la tour Eiffel. Il n’y a eu qu’un seul et unique accident mortel sur le chantier. Quand le monument ouvre au public, le 15 mai 1889, seuls les escaliers permettent de gravir les étages. Les ouvriers sont occupés aux derniers réglages des ascenseurs. Parmi eux, un jeune Italien : Angelo Scagliotti. Imprudence ? Moment d’inattention ? Le 24 mai 1889, alors qu’il travaille sur un ascenseur, sa tête est heurtée par la cabine. Il décède sur le coup. L’Exposition universelle vient d’ouvrir ses portes, et Gustave Eiffel ne veut pas de mauvaise pub. Il propose donc une somme rondelette à la veuve afin qu’elle reparte se faire oublier en Italie avec ses trois enfants en bas âge.

Opération suicide

Comme toute tour, celle de Gustave Eiffel a connu quelques suicides. Le premier est enregistré en 1891. Particularité : le désespéré n’a pas choisi de sauter… mais de se pendre à une vingtaine de mètres de hauteur. Dans sa poche, un document précise qu’il lègue son corps à l’École de médecine et sa fortune à Monsieur Eiffel. Mais il ne possède rien…

Grillages, filets, télésurveillance : au fil des années, les mesures de sécurité ont été renforcées pour éviter tout suicide. Il n’empêche, selon une étude, il y en aurait eu 79 entre 1959 et 1989. Les responsables du monument ne communiquent pas sur le sujet, craignant que cela puisse faire des émules. Mais les pompiers de Paris affirment qu’il y aurait actuellement un cas par an en moyenne.

Des paris fous

Si la tour Eiffel fait des victimes, c’est surtout en raison de paris fous. Le plus célèbre est celui de l’homme-oiseau. En 1912, un jeune tailleur pour dames conçoit un costume de chauve-souris avec lequel il affirme pouvoir voler. Un jour de février, il saute du premier étage de la tour Eiffel, filmé par les premières caméras de Pathé. On le voit hésiter quelques secondes puis déployer ses ailes pour se lancer dans le vide. Il mourra quelques secondes plus tard. En 1926, un aviateur relève le pari de passer avec son aéroplane entre les pieds de la tour. Il heurtera une antenne et périra carbonisé dans son avion.

Mourir pourles réseaux

De telles folies ne semblent plus possibles ? En 2005, un Norvégien monte sur la tour Eiffel pour sauter en base-jump. Il s’encastre dans la structure du monument, quelques mètres plus bas, et se tue sur le coup. Son amoureuse et deux amis ont filmé la scène : elle était destinée à faire la promo sur les réseaux de la marque de vêtements qu’il venait de lancer. Elle avait malheureusement un nom prédestiné : Impact ! Aujourd’hui, certains sont prêts à prendre tous les risques pour quelques secondes de gloire sur les réseaux sociaux. Pas étonnant que, dans le téléfilm de la RTBF, le mort de la tour Eiffel soit un Youtubeur…

Cet article est paru dans le Télépro du 13/3/2025

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