Les travers du métavers

Même dans l’univers virtuel, un enfant ne doit pas rester seul. Discuter, fixer des limites et l’accompagner sont quelques conseils qui pourraient être utiles aux parents néophytes… © Getty Images
Rodophe Masuy Journaliste

Le métavers fait rêver nos enfants : création, amitiés, expériences virtuelles… Mais l’absence de règles en fait aussi un Far West numérique qu’il faut apprivoiser. Pistes d’action pour les parents.

Imaginez un monde où les enfants se connectent pour jouer, créer et socialiser, mais où derrière chaque avatar peut se cacher une menace. Ce monde, c’est le métavers. Un espace numérique immersif, à la croisée du jeu vidéo et du réseau social, qui attire des millions de jeunes utilisateurs. Mais à mesure que cet univers s’étend, les risques se multiplient. Le documentaire « Métavers : abus virtuels, dangers réels », diffusé sur Arte ce mardi à 23h20, lève le voile sur une réalité inquiétante si elle n’est pas maîtrisée.

Métavers, késako ?

Le métavers, contraction de « meta » et « universe », désigne un espace virtuel interactif où l’on évolue sous forme d’avatar. Grâce à la réalité virtuelle et augmentée, l’utilisateur est plongé dans un monde en 3D, qu’il peut habiter et façonner. Ce qui séduit ? L’incarnation, la présence sociale, et l’illusion de vivre d’autres vies.

Des plateformes comme Roblox (200 millions d’utilisateurs mensuels), Minecraft (160 millions) et Fortnite (220 millions) sont devenues les piliers de cet univers. Roblox, en particulier, se distingue par son modèle participatif. Les enfants y créent eux-mêmes des jeux, sans compétences en programmation, générant des millions d’expériences virtuelles.

Les militantes montent au front

Des trolls néonazis et des pédocriminels exploitent les failles de modération pour infiltrer ces espaces. « Le métavers est un Far West sans foi ni loi », résume une des militantes interrogées dans le documentaire d’Arte. Les témoignages recueillis sont inquiétants. Des avatars racisés sont traqués et virtuellement tués dès leur apparition. Des prédateurs utilisent les salons de discussion non modérés pour approcher les enfants. « Ce sont des agressions réelles, même si elles ont lieu dans un monde virtuel », affirme Janae, l’une des trois jeunes activistes qui militent pour un métavers plus sûr.

Ces militantes, Alex, Janae et Katie, dénoncent l’inaction des géants du secteur. Selon elles, les plateformes privilégient l’engagement des joueurs, et donc les revenus publicitaires, au détriment de la sécurité. « Ils se renvoient la balle au lieu de prendre leurs responsabilités », déplore Alex.

Un droit dépassé par la technologie

Les juristes interrogés soulignent que les agressions dans le métavers ne sont pas toujours reconnues par la loi. Comment qualifier une agression sexuelle sur un avatar ? Peut-on poursuivre un utilisateur pour des actes commis dans un espace virtuel ? Ces zones grises posent des défis majeurs en matière de régulation.

Conseils pour parents dépassés

Pour protéger vos enfants :

– Commencez par les éduquer à la sécurité en ligne : ne jamais partager d’informations personnelles, éviter les liens suspects et signaler tout comportement douteux.

– Activez les contrôles parentaux si c’est possible. Roblox propose des restrictions de compte qui permettent de limiter l’accès aux contenus selon l’âge de l’enfant. Minecraft et Fortnite offrent également des paramètres de confidentialité pour désactiver le chat ou limiter les interactions aux amis approuvés.

– Discutez régulièrement de leurs activités numériques, non pour les surveiller, mais pour les accompagner.

– Installez les jeux dans des espaces communs afin de garder un œil discret sur eux.

– Enfin, jouez avec eux ! Créer votre propre compte vous aidera à comprendre leur univers, renforcer la confiance et repérer les risques éventuels.

Cet article est paru dans le Télépro du 18/9/2025

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