Lockerbie : attentat en plein vol

Le 21 décembre 1988, les habitants de Lockerbie ont vu la mort tomber du ciel… © Getty Images
Stéphanie Breuer Journaliste

Ce dimanche à 20h05 sur RTL club, une série avec Colin Firth revient sur l’attaque la plus meurtrière de l’histoire britannique, qui a fait 270 morts en 1988.

Lockerbie. C’est le nom d’une localité écossaise sans histoire… du moins jusqu’au 21 décembre 1988. Ce jour-là, la petite ville de près de 4.000 âmes sort de l’anonymat quand le monde entier découvre avec effroi les images des débris d’un avion jonchant ses rues, ses jardins et ses maisons. Ce terrible attentat à la bombe – le plus meurtrier commis sur le sol britannique – débouche sur une crise internationale et un bras de fer entre l’Onu et la Libye du colonel Kadhafi. Consacrée à cet épisode dramatique, la minisérie « Lockerbie », dimanche soir sur RTL club, met en scène Colin Firth dans le rôle de Jim Swire, un médecin britannique qui se lance dans une quête de justice après la mort de sa fille Flora.

Une bombe dans la soute

Le 21 décembre 1988, celle-ci, alors âgée de 23 ans, s’apprête à retrouver son fiancé à New York pour s’installer outre-Atlantique. À l’aéroport londonien d’Heathrow, elle embarque sur le vol 103 de la compagnie américaine Pan Am, qui décolle à 18.25. Trente-huit minutes plus tard, le Boeing 747 explose en plein vol, ne laissant aucune chance aux personnes à bord. La carlingue désintégrée s’écrase sur la tranquille bourgade de Lockerbie, au sud de l’Écosse.

À quelques jours de Noël, des centaines de familles plongent dans l’horreur. Car le bilan est lourd : 243 passagers, seize membres d’équipage et onze habitants de la petite localité. Soit un total de 270 morts, âgés de 2 mois à 82 ans, et qui, pour la grande majorité, sont de nationalités américaine (189) et britannique (43).

Piste libyenne

La piste terroriste est rapidement envisagée, mais personne n’imagine alors le marathon judiciaire et diplomatique qui débute. Menée conjointement par la police britannique et le FBI, l’enquête révèle que l’explosion a été causée par une bombe cachée dans une valise de la soute avant gauche de l’appareil. Le 244e passager, qui a manqué l’embarquement après avoir passé un peu trop de temps au bar de l’aéroport, est interrogé. L’enquête s’intéresse ensuite à un groupe terroriste palestinien financé par l’Iran, avant de s’orienter vers la piste libyenne.

En 1991, deux agents présumés du renseignement libyen, Abdelbaset al-Megrahi et Lamin Khalifah Fhimah, sont inculpés. Ce n’est qu’après une forte pression internationale et des sanctions prises par l’Onu que le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi accepte finalement, en 1999, d’extrader les deux suspects, dont le procès débute l’année suivante en terrain neutre, aux Pays-Bas. Le second est acquitté faute de preuves, mais le premier est condamné à la réclusion à perpétuité en Écosse. Libéré en 2009 en raison d’un cancer en phase terminale, al-Megrahi – toujours le seul condamné dans cette affaire – rentre à Tripoli, où il meurt trois ans plus tard, en n’ayant jamais cessé de clamer son innocence.

Zones d’ombre

Si, en 2003, le régime de Mouammar Kadhafi avait officiellement reconnu sa responsabilité (en représailles du bombardement américain de 1986 qui avait notamment tué sa fille adoptive ?) et payé 2,7 milliards de dollars de dédommagements aux familles des victimes, de nombreuses zones d’ombres subsistent dans ce dossier. Détenu depuis décembre 2022 aux États-Unis, un autre agent du renseignement libyen, soupçonné d’avoir assemblé la bombe, est toujours en attente de son procès. Bref, près de quarante ans après les faits, ce sombre chapitre n’est pas encore clos et la petite ville de Lockerbie continue de faire couler de l’encre… 

Cet article est paru dans le Télépro du 18/12/2025

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