
«Miss Révolution» : rififi chez les miss
Comédie de Philippa Lowthorpe, « Miss Révolution » (ce samedi à 22h25 sur RTL plug) revient sur un événement réel survenu en 1970 à Londres : le concours de Miss Monde investi par des féministes du MLF.
Londres, 1970. Alors que le 20e concours de Miss Monde est regardé par des millions de spectateurs, un groupe d’activistes du tout jeune Mouvement de Libération des Femmes (MLF) investit la compétition en plein direct, au Royal Albert Hall, devant des caméras diffusant dans le monde entier. Leur objectif : saboter la cérémonie qui symbolise l’exploitation des femmes. Selon elles, le défilé des candidates évoque un étal de boucher et l’estimation de leurs croupes une foire au bétail. L’intervention du MLF perturbera le concours. Alors que Miss Suède partait grande favorite, elle se fait doubler par Miss Grenade, venue des Antilles. Jennifer Hosten devient ainsi la première femme noire à remporter l’élection. Les activistes, elles, seront jugées pour troubles à l’ordre public et autres délits.
Concours chahuté
Dès le départ, le racisme et la politique s’étaient invités à la cérémonie. Les organisateurs avaient permis la participation de deux Miss Afrique du Sud, une blanche et une noire (le pays était toujours sous le régime de l’apartheid). Durant la soirée, une brigade anarchiste avait fait exploser une bombe dans une vaine tentative d’empêcher la diffusion du concours. Puis ce sont les protestations du MLF : les activistes envahissent la scène avec des pancartes, crient, sifflent, jettent des fumigènes, des boules puantes et des bombes d’encre. Le présentateur de la soirée, le célèbre acteur et comique américain Bob Hope, connu pour ses blagues grivoises, est chahuté.
Concours truqué ?
Une plus grande polémique suivra le couronnement de Miss Grenade et le sacre de Pearl Jansen, candidate noire d’Afrique du Sud, comme Première dauphine. On accuse le concours d’avoir été truqué, notamment parce que le Premier ministre de la Grenade, Éric Gairy, faisait partie du jury. Quatre des neufs juges avaient voté pour que Miss Suède soit à la première place. La directrice de l’organisation démissionne, mais reprendra son poste après avoir rendu publics les bulletins de vote du jury et prouvé qu’il n’y a eu aucune fraude. Beaucoup restent cependant persuadés qu’Éric Gairy a influencé les autres juges pour favoriser Jennifer Hosten…
La question principale subsiste : les concours de beauté sont-ils un tremplin vers l’égalité, une occasion d’exister et de se construire un avenir ? Faut-il au contraire dénoncer leur sexisme, leur machisme et leur voyeurisme ?
Cet article est paru dans le Télépro du 6/3/2025Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici