Technologie : et si le Net s’arrêtait net ?

Devant son écran, on en a peu conscience : 99 % des communications mondiales passent par des câbles sous-marins ! Et s’ils étaient sabotés ? © Getty Images
Christine Masuy Journaliste

Panne mondiale ou conflit cyberarmé…Qu’arriverait-il si la planète était, soudain, privée d’Internet ?

Lundi 20 octobre 2025. Un message d’erreur apparaît sur des milliards d’écran à travers le monde. Une panne du cloud d’Amazon bloque le Web pendant plusieurs heures. Quelques mois plus tôt, une mise à jour défectueuse paralyse Windows, perturbant de nombreux systèmes informatiques aux quatre coins de la planète. En Belgique, la SNCB et plusieurs hôpitaux sont impactés…

Ces incidents rappellent combien l’Internet est totalement dépendant de quelques géants de la tech. Mais il y a plus inquiétant encore : dans un contexte de guerre, le Net pourrait être saboté… Comme l’indique « Internet, un géant très vulnérable », un documentaire d‘Arte à voir ce samedi à 23h40.

Chaos total

Pourriez-vous vivre sans Internet ? Aujourd’hui, la réponse est non. 95 % des ménages belges disposent d’une connexion à domicile. Selon une récente enquête de Sciensano, le Belge passe chaque jour en moyenne 5h39 de son temps libre devant un écran. Et il faut ajouter à cela le temps d’écran au travail… Les statistiques de l’Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT) confirment la tendance : dans notre pays, le trafic Internet fixe a doublé en quatre ans, la consommation de données mobiles a plus que triplé en cinq ans. Aujourd’hui, on a besoin du Net pour tout : se divertir et s’informer, accéder à sa banque, à son dossier santé ou pension… Et, depuis le covid, deux Belges sur trois font régulièrement des achats en ligne. Alors, imaginez une panne de longue durée… Ce serait le chaos !

Guerre hybride

On pense d’abord aux cyberattaques. C’est la criminalité 3.0 : les bandits ne braquent plus les banques, ils s’attaquent au Web. Mais une cyberattaque peut aussi être le fait d’un État… « Nul besoin de missiles pour couper l’électricité ou clouer des trains au sol. Un virus suffit », explique-t-on à l’École de Guerre économique. « Centrales, hôpitaux, administrations, banques… Quand les systèmes informatiques tombent, c’est tout un pays qui vacille. » Poutine l’a bien compris : en février 2022, au moment où les blindés russes franchissaient la frontière ukrainienne, Kiev était aussi la cible de cyberattaques.

En fumée

Mais la fragilité d’Internet n’est pas uniquement dans le cybermonde… Car pour faire fonctionner le virtuel, il faut d’abord des infrastructures bien matérielles. Elles aussi peuvent connaître quelques soucis. On l’a vu en mars 2021, avec l’incendie du datacenter d’OVH à Strasbourg. Cette entreprise française est spécialisée dans l’hébergement de sites Internet et la sauvegarde de données. Quand ses bâtiments ont brûlé, tout cela est parti en fumée… Le sinistre était accidentel, mais il rappelle combien les datacenters sont vulnérables.

Sabotage en mer

Autre infrastructure fragile : les câbles sous-marins. On l’ignore souvent, mais 99 % des communications mondiales passent par un immense réseau (1,5 million de km) de câbles posés au fond des mers et des océans. Ils sont régulièrement victimes de petits incidents, causés le plus souvent par l’ancre d’un bateau de pêche. Mais dès 2017, l’OTAN est interpellée sur les conséquences qu’aurait un sabotage volontaire de ces câbles par la Russie. Depuis, la menace semble plus réelle que jamais. Un tel acte paralyserait des services essentiels, provoquant de graves perturbations économiques, probablement suivies d’un climat de panique…

Cet article est paru dans le Télépro du 6/11/2025

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