Violences conjugales : c’est pas de l’amour…

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Le 25 novembre, c’est la Journée mondiale des violences faites aux femmes. La réalité est inquiétante. Malgré la prévention et les outils mis en place, le nombre de victimes augmente.

Pour mettre des mots sur ce que sont les violences dans les relations intimes, la Belgique a sa définition. « Un ensemble de comportements, d’actes, d’attitudes, de l’un des partenaires qui visent à contrôler et dominer l’autre. » Elles prennent de multiples formes. Agressions, menaces ou contraintes verbales, physiques, sexuelles, économiques. « Répétées ou amenées à se répéter, elles portent atteinte à l’intégrité de l’autre et même à son intégration professionnelle. »

Des chiffres

Une étude des autorités statistiques des trois Régions révèle qu’en Belgique, près d’une personne sur trois (32,2 %) âgée de 18 à 74 ans a déjà subi des violences sexuelles, physiques ou psychologiques d’un (ex-)partenaire intime. Dans la grande majorité des cas, les auteurs sont des hommes et les victimes, des femmes. Une femme sur cinq a été confrontée à de la violence physique, une sur dix à des violences sexuelles. Au mois d’octobre, le blog Stop Feminicide recensait dix-neuf homicides volontaires d’une femme (ou d’une fille) pour les dix premiers mois de l’année.

Divico

Depuis septembre 2023, les professionnels qui travaillent dans le domaine de la violence conjugale (justice, police, services sociaux, santé) disposent d’un nouvel outil, le Divico (dispositif de lutte contre les violences dans le couple). Ce dispositif interdisciplinaire a pour objectif principal de coordonner et faciliter l’intervention des services dans les situations de violences conjugales à haut risque. Lorsque des professionnels identifient une situation critique, la cellule Divico est activée. Les informations sont centralisées, même si cela implique de lever le secret professionnel. Les partenaires collaborent pour analyser la situation et définir un plan d’action. Le dispositif permet de réduire les délais d’intervention et de faciliter la communication entre les services. Selon Amnesty International, chaque année en Belgique, plus de 45.000 dossiers sont enregistrés par les parquets. Mais les actes de violence conjugale sont loin d’être toujours dénoncés.

Précision

Il faut différencier la violence conjugale du conflit de couple, il s’agit de deux processus distincts. Pouvoir, intention, persistance et impact se caractérisent de manière singulière dans les deux cas. Pouvoir sur l’autre dans la violence conjugale, sur la situation dans le conflit (volonté de convaincre le conjoint). Violence persistante d’un côté, exceptionnelle dans l’autre. Conséquences visibles sur la victime pour la violence (peur, honte, culpabilisation…), liberté d’expression pour chaque protagoniste dans le conflit.

Grossesse et enfants

La grossesse peut générer du stress et des tensions accrues au sein du couple, aggraver des violences préexistantes ou en déclencher de nouvelles. « L’agresseur peut se sentir menacé par l’arrivée du bébé, ressentir de la  » concurrence  » ou une perte de contrôle », explique une sage-femme sur le site profession-sage-femme.com. Une séparation amoureuse (et le risque de perdre l’autre) peut aussi favoriser la violence.

Enfin, on a longtemps considéré que l’enfant ne voyait pas, n’entendait pas, était trop petit pour comprendre ce qu’il se passait. Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, un enfant confronté à de la violence conjugale dans sa famille est d’office considéré comme un enfant victime. Il y a une prise de conscience de l’impact sur sa santé physique et mentale, sur son développement et les perturbations qu’une telle situation engendre. Par ailleurs, la violence conjugale n’est pas liée aux milieux défavorisés. On la retrouve dans tout milieu, toute culture, toute nationalité.

À voir

Plusieurs documentaires sont diffusés dans le cadre de la Journée mondiale des violences faites aux femmes : « Red Flags : c’est pas ça l’amour » (lundi, 20.35, La Trois), « Je vais te tuer » (lundi, 23.00, Arte), « Soumission chimique, le cauchemar des victimes » (mardi, 20.05, Tipik), « 2030 : vers les derniers machos ? » (mardi, 20.55, Tipik), « Femmes sous emprise : une violence invisible » (mercredi, 22.50, France 2) et « Julie, récit d’un féminicide » (mercredi, 23.55, France 2).

À consulter

https://www.ecoute-violencesconjugales.be
https://victimes.cfwb.be
https://www.droitsquotidiens.be

Ligne d’écoute : 0800/30.030

Cet article est paru dans le Télépro du 20/11/2025

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