Boissons sans alcool : à votre santé… en toute sobriété

Sans alcool, la fête est peut-être plus folle, mais il faut tout de même savoir se modérer © Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

Mercredi à 19h50, « Coûte que coûte » (RTL tvi) se penche sur un marché récent à l’expansion phénoménale, celui des boissons sans alcool.

Tout qui arpente régulièrement les allées d’une grande surface a pu aisément le constater : les boissons sans alcool ou faiblement alcoolisées, de la bière au cidre en passant par les cocktails et même le vin, se sont imposées dans les rayons. Avons-nous raison de substituer nos capiteux breuvages au profit de leurs sobres ersatz ?

Succès enivrant

Au début, il n’y avait rien. Et puis sont apparues, timidement certes, l’une ou l’autre bière floquée d’un « 0 % ». Quelques décennies plus tard, à la faveur d’une société en constante évolution sur le sujet, voici la gamme des boissons sans alcool quasi aussi foisonnante que leurs homologues pourvoyeurs d’ivresse. « Le marché mondial des boissons sans alcool et à faible teneur en alcool a progressé de 9 % entre 2021 et 2022 (source IWSR). Et les prévisions vont bon train : +7 % par an jusqu’à 2026 », indique le magazine 60 Millions de consommateurs.

Nouveauté ces dernières années, ce boost commercial ne se cantonne désormais plus seulement à la fameuse période du Dry January (se passer d’alcool durant le mois de janvier) et de sa version belge, la tournée minérale (moins téméraire, en février cette fois). « Les boissons sans alcool connaissent un essor spectaculaire. En décembre 2024, leurs ventes ont bondi de 15 %, dépassant même celles de janvier, traditionnellement boostées par le mouvement Dry January », indique le groupe d’import Foodex.

Une nouvelle façon de consommer du sans alcool, en dehors des traditionnels soft, café, thé, jus de fruit, sodas, qui est particulièrement embrassée par les plus jeunes. « Les consommateurs âgés de 18 à 25 ans jouent un rôle prépondérant dans cette évolution, selon le baromètre Sowine/Dynata à l’issue d’une enquête menée en décembre 2022 sur un échantillon de 1.032 personnes », indique-t-on dans Les Echos. « Cette tranche d’âge représente 44 % des consommateurs du sans alcool ou à faible teneur. »

Avec modération aussi ?

Il va de soi que diminuer voire supprimer sa consommation d’alcool est une démarche saine. Chez nous, il cause plus d’un décès sur dix et intervient dans plus de deux cents pathologies différentes. Ceci étant dit, le sans alcool est-il de facto le remède miracle ? Pas tout à fait. Tout d’abord dans le chef des jeunes : de nombreux spécialistes y voient une porte d’accès à la consommation du « vrai produit ». D’autant plus qu’il est à noter qu’au sein de l’Union européenne, une bière peut être qualifiée sans alcool si elle ne dépasse pas les 0,5 %. Elles contiennent donc, bien souvent, un petit peu d’alcool.

Autre problématique, les boissons sans alcool constitueraient une fausse bonne idée pour les personnes dépendantes, tant l’illusion est quasi parfaite. « Grâce aux techniques actuelles, leur goût est virtuellement identique aux versions alcoolisées, ce qui va créer une résonance cognitive chez les gens. Or les biais cognitifs sont un des éléments essentiels du risque de reconsommation chez les alcooliques », alerte Florian de Blaere, alcoologue et fondateur du cabinet d’addictologie AddicT’UP, dans les pages du Vif. « L’addiction est avant tout une maladie neurocérébrale, or tout est fait pour que ces boissons aient un impact neuronal similaire à celui ressenti quand on boit de l’alcool. »

Le saviez-vous ?

• En Europe, ce sont les Français qui représentent la plus forte demande de boissons sans alcool.

• En Belgique, 13,5 % des hommes consomment quotidiennement de l’alcool contre 6,2 % des femmes.

• En 2022, sur nos routes, 4.224 accidents ont impliqué un conducteur sous l’influence de l’alcool, soit près de douze par jour.

Cet article est paru dans le Télépro du 12/6/2025

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