Sans mode d’emploi pour décrypter nos émotions, nous risquons de les subir avec impuissance. Ce mode d’emploi s’appelle « l’intelligence émotionnelle ». Un sujet évoqué ce mercredi à 23h05 sur La Une dans «Matière grise».
Paul Ekman (1934-2025) est considéré comme l’un des psychologues les plus éminents et les plus influents du XXe siècle. C’est lui qui a formulé, dans les années 1970, la théorie des émotions de base universelles : la peur, la colère, la joie, la tristesse, le dégoût et la surprise.
Le dessin des émotions
C’est aussi lui qui a le mieux compris comment elles se dessinent sur nos visages. Car les émotions ne sont pas culturelles, mais les fruits de notre évolution biologique. Communes à tous les êtres humains, elles seraient à la racine de nos pensées, actions et décisions…
Micro-expressions
C’est cette relation entre émotions et expressions du visage que Paul Ekman a étudiée pendant cinquante ans. Ainsi, il a mis en évidence 43 muscles faciaux capables de produire environ 10.000 micro-expressions dont 3.000 porteuses de sens, les autres ne représentant que des grimaces sans intérêt. Elles peuvent manifester des pensées et des émotions cachées, apparaître sans que nous en soyons conscients, durer moins d’une demi-seconde et être imperceptibles par l’œil humain s’il n’est pas entraîné à les reconnaître.

Pratique
Cette reconnaissance, précisément, nécessite une formation très poussée et énormément de pratique. Ces dix dernières années, la recherche dans ce domaine a explosé. Car comprendre ce qui déclenche les émotions et leurs expressions permet d’analyser les comportements. L’intérêt ? Pour les forces de l’ordre, détecter les mensonges. Pour les industriels et les marketeurs, analyser les réactions des utilisateurs face à des publicités en ligne ou celles des consommateurs, dans les rayons des supermarchés (grâce aux caméras) …
Muscler son IE
Cela étant dit, intéressons-nous plutôt aux émotions proprement dites, car elles nous affectent, nous envahissent, rythment notre quotidien et influencent nos actions. Leur bonne gestion, autrement dit « l’intelligence émotionnelle », permet d’avoir une meilleure confiance en soi, écouter ses besoins et ceux des autres, établir un bon équilibre entre le plan professionnel et personnel, gérer les conflits et l’impulsivité et faire preuve d’empathie. La bonne nouvelle ? Comme toutes les intelligences, elle peut être développée à travers des lectures, des formations ou en thérapie.
En pratique…
Apprendre à gérer ses émotions, c’est d’abord être capable de les reconnaître. Prenez le temps de les observer, d’« écouter » ce que vous ressentez au fond de vous. La méditation de pleine conscience est un excellent moyen d’y parvenir.
Ensuite, décodez-les, tentez de comprendre ce qui les a déclenchées. Vous pouvez « exhumer » toutes celles du passé grâce à l’exercice d’écriture, c’est très efficace !
Ne les refoulez pas. Identifiez-les, analysez-les, pour comprendre ce qu’elles représentent pour vous. Et quand vous vous sentez submergé, essayez la cohérence cardiaque, une respiration basée sur la méthode dite « 365 » : 3 fois par jour, 6 respirations par minute pendant 5 minutes. Dans des situations anxiogènes, c’est miraculeux !
Cet article est paru dans le Télépro du 4/12/2025