Irlande : 100 ans d’une République désunie

Image extraite de l'«Échappées belles» consacré à l'Irlande, diffusé ce samedi sur France 5 © France 5/Bo travail ! Ronan Le Floc'h

Le 6 décembre 1921, le traité de Londres reconnaissait l’indépendance de l’Eire après des siècles d’oppression britannique.

Les Romains n’ont jamais occupé l’Irlande, jugeant sa population difficile à assimiler… Pourtant, dès le XIIe siècle, l’Angleterre entreprend la conquête de l’île. Une domination entachée de répressions sanglantes qui, à travers les âges, n’a pas entamé la ferveur des Irlandais. Mais, à quel prix ?

Genèse du nationalisme

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les Irlandais conservent une relative autonomie législative. Mais, les idées révolutionnaires françaises affluant, des contestataires se sentent pousser des ailes et osent, en 1798, une grande révolte.

Un échec : les Britanniques imposent l’Acte d’Union qui entre en vigueur le 1er janvier 1801 et fait de l’Irlande une province à part entière du Royaume-Uni. Désormais, c’est depuis le Parlement de Westminster, à Londres, que sont gérées les affaires irlandaises.

Toutefois, les premières revendications sont… religieuses. L’Irlande, majoritairement catholique, subit les discriminations de l’Église anglicane, soutenue par l’Angleterre. Les colons protestants possèdent presque toutes les terres, entre autres privilèges.

Malgré ce clivage, Daniel O’Connell, un jeune avocat, obtient, dès 1829, l’émancipation des catholiques. Une belle avancée ! Mais le pire est à venir…

Boycott sans faim

En 1848, une famine sans précédent frappe le pays. Londres oblige les Irlandais affamés, à maintenir leurs exportations de denrées vers l’Angleterre. Résultat : 1 million de morts, un autre million d’émigrés à New York et… des actes de cannibalisme !

La colère est vive. La Couronne doit lâcher du lest. À l’issue de réformes sociales, les paysans irlandais récupèrent une partie de leurs terres. Le président de la Ligue agraire a alors une stratégie : le boycott, du nom de la première «victime», le capitaine Charles Cunningham Boycott. En 1879, les paysans qu’il employait ont refusé de le servir et il a dû quitter l’Irlande. Cette résistance pacifique est un premier pas vers l’indépendance.

En 1914, le Home Rule, ou loi d’autonomie, est enfin voté ! Mais le pouvoir suspensif de la Chambre des lords et la Première Guerre empêchent sa mise en œuvre.

Sanglantes Pâques

Les tensions entre unionistes (pro-Anglais) et indépendantistes se radicalisent. Jusqu’au soulèvement de Pâques à Dublin, en 1916, violemment réprimé par la Royal Army. «Contre toute attente, la férocité de la répression va retourner l’opinion publique en faveur des insurgés et les transformer en martyrs de la cause irlandaise», relate le site Herodote.net.

Le Sinn Féin, parti nationaliste, rallie la majorité des Irlandais à sa cause. Seule solution : la lutte armée. L’Irish Republican Army (IRA), menée par Michael Collins, fait ses premières victimes. Et le conflit dégénère en guerre d’indépendance. L’Histoire se souvient du Bloody Sunday : le 21 novembre 1920, les troupes britanniques tirent au char d’assaut sur une foule d’Irlandais venus assister à un match de football. Le groupe U2 en a fait une chanson…

Independence Day

Fin 1921, les Britanniques réclament un cessez-le-feu. Après négociation, le traité de Londres est signé le 6 décembre. L’Irlande, amputée des deux tiers de l’Ulster, devient un dominion au sein de l’Empire britannique. Une victoire amère pour Michael Collins, déclarant «signer son arrêt de mort». Il sera abattu un peu plus tard par un extrémiste du Sinn Féin déçu, lui aussi, par le compromis.

Les nationalistes se déchirent et le pays plonge dans une guerre civile faisant plus de 4.000 morts. Un siècle plus tard, les blessures de l’Irlande ne sont pas refermées. Le Brexit a fait resurgir la question du maintien d’une frontière entre les deux Irlande. Le Sinn Féin, toujours actif, en a même profité pour réclamer l’unification totale de l’île…

En télé cette semaine :

  • «Échappées belles – Spectaculaire Irlande» : magazine, samedi, 20.55, France 5.
  • «La Grande famine en Irlande» : documentaire, mardi, 20.50, Arte.
  • «La Révolution irlandaise» : documentaire, mardi, 22.25, Arte. 

Cet article est paru dans le Télépro du 25/11/2021

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