Russie: adoré, loué, chanté, Poutine fête ses 62 ans dans la taïga

Russie: adoré, loué, chanté, Poutine fête ses 62 ans dans la taïga
AFP

Rassemblement en son honneur en Tchétchénie, exposition de tableaux le présentant en « Hercule » accomplissant ses « douze travaux », vidéo d’enfants chantant ses louanges: Vladimir Poutine fête mardi ses 62 ans dans la taïga sibérienne, bien loin des manifestations d’adoration dont il fait l’objet.

Selon son porte-parole, Dmitri Peskov, c’est la première fois que le président russe s’accorde du repos le jour de son anniversaire.

Mais il ne se trouve pas au Kremlin ou dans sa résidence de Sotchi sur les bords de la mer Noire. Le chef de l’Etat est quelque part dans la taïga sibérienne, à « 300 ou 400 kilomètres du premier village ».

Pour pêcher ou chasser, des loisirs qu’il affectionne ? « Pour se reposer », a simplement indiqué M. Peskov cité par le quotidien Komsomolskaïa Pravda.

Pour l’heure, le Kremlin n’a diffusé ni photos ni images du « repos » présidentiel.

Une visiteuse regarde les tableaux

Mais à Moscou, Grozny, ou sur les réseaux sociaux, les félicitations au chef de l’Etat affluent. Ce n’est pas un exercice nouveau et Vladimir Poutine a dû à plusieurs reprises se défendre face aux accusations, notamment dans les médias occidentaux, de culte de personnalité lorsque les premières chansons ou calendriers en son honneur sont apparus.

Mais la crise ukrainienne, qui selon les sondages l’a porté à des niveaux stratosphériques de popularité (plus de 85% d’opinions favorables), et surtout l’annexion de la Crimée en mars, ont donné une ampleur accrue aux manifestations de soutien ou d' »amour » à Vladimir Poutine.

– Poutine bravant le Cerbère américain –

Des personnes défilent sur une avenue de Grozny aux couleurs du drapeau russe pour l'anniversaire du président russe Vladimir Poutone, le 7 octobre 2014 en Tchétchénie

« Cette forme douce et post-moderne du culte de la personnalité dure depuis dix ans », résume Sergueï Medvedev, politologue à la Haute Ecole d’Economie de Moscou.

« C’est un culte qui part d’en bas, et que le sommet n’empêche pas » de s’exprimer, souligne M. Medvedev, notant un retour « des archétypes soviétiques » et un « phénomène de psychose collective ».

A Grozny, la capitale de la Tchétchénie que le président Ramzan Kadyrov dirige d’une poigne de fer, des dizaines de milliers de personnes, jusqu’à 100.000 selon les autorités locales, sont descendues dans la rue pour fêter l’anniversaire de Vladimir Poutine.

Portraits du président, slogans à la gloire de la Russie et de la Tchétchénie, étaient de mise, avant un concert.

A Moscou, une exposition présente sous forme de peintures les « douze travaux de Poutine » en référence aux exploits du demi-Dieu Hercule de la mythologie romaine (ou grecque sous le nom de Héraclès).

Un visiteur de l'expostion

Poutine étranglant un terroriste, ou affrontant bouclier et glaive à la main l’hydre de Lerne dont les têtes – Union européenne, Canada ou Japon – crachent des « sanctions », tous les « faits d’armes » du président en Russie et sur la scène internationale y passent. Jusqu’à l’annexion de la Crimée, représentée par le taureau de Minos que Vladimir Poutine dompte et ramène dans le giron russe.

Et le tout dernier travail de Poutine-Hercule, le plus difficile: la descente aux Enfers et la rencontre avec Cerbère, le chien aux trois têtes, allégorie des Etats-Unis.

Au-delà de cette exposition, et de la vente de t-shirts à l’effigie du chef de l’Etat ou portant des slogans humoristiques répondant aux sanctions occidentales, plusieurs dirigeants d’ex-républiques soviétiques, notamment le bélarusse Alexandre Loukachenko et l’azerbaïdjanais Ilham Aliev, ainsi que le Patriarche orthodoxe Kirill, ont adressé des messages de félicitations.

Une visiteuse regarde les tableaux

Sur l’internet, l' »amour » du président le dispute à la « haine » dans un grand moment de défoulement.

Les responsables d’un ensemble vocal d’enfants de Saint-Pétersbourg, ville natale du président, ont ainsi posté un long clip où ils vantent le « bon coeur » du « seul et unique », Vladimir Poutine, « Président de Russie ».

D’autres, moins bienveillants à l’égard du chef de l’Etat, rappellent que l’espérance de vie est de 62 ans en Russie (en fait 65,8). L’âge du président.

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