Anniversaire de France Télévisions : trente ans de franche télévision

Trois décennies d'histoire de la télé passées en revue ce samedi soir © France 2
Pierre Bertinchamps Journaliste

Ce samedi à 21h10 avec une émission intitulée «La Grande saga de France Télévisions», le service public français fête ses 30 ans de réunification sous la bannière France Télévisions. La télé comme on l’aime ?

«France 2 et France 3 n’ont que 30 ans ?», vous dites-vous… Le compte est pourtant bon ! Le 7 septembre 1992, Antenne 2 et FR3 étaient réunies sous la même enseigne, France Télévision (alors sans «s»), et prenaient leur appellation actuelle. La chaîne de la connaissance, La Cinquième (devenue France 5), les rejoindra en 2000. Avec le lancement de la TNT, sont venues s’ajouter France 4 (2003) et feu France Ô (2004). Aujourd’hui, avec l’arrivée des plateformes SVOD, le holding a pris le nom de France.tv, pour impliquer l’aspect digital du groupe.

Annus horribilis

France Télévisions a connu des heures sombres dès sa création, avec les salaires des animateurs-producteurs. Des visages forts de France 2 (Jean-Luc Delarue, Nagui, Arthur, mais aussi Michel Drucker et Mireille Dumas) facturaient ainsi leurs émissions via des sociétés de production. On parle de plusieurs millions de francs français à l’époque, sans que la chaîne ait un droit de regard sur leur utilisation. Un manque de transparence qui sera dénoncé par des députés. Jean-Luc Delarue ira jusqu’au procès contre son «employeur». Le PDG, Jean-Pierre Elkabbach, sautera en 1996, mais aujourd’hui, la transparence est de mise.

Un style, une griffe

Jean-Luc Delarue apportera un style et un ton à France Télévisions avec ses émissions testimoniales. D’abord avec «Ça se discute», du témoignage et du débat, en 2e partie de soirée, ensuite avec «Toute une histoire». Delarue a également produit «C’est mon choix», avec ses témoins un peu plus trashes qui ont boosté et rajeuni les audiences de France 3.

Frédéric Lopez a marqué le service public de sa griffe avec «Rendez-vous en terre inconnue». Un concept original qui emmène une célébrité à la rencontre de peuples lointains. Son empathie et sa façon de recevoir les invités font de l’animateur une image de marque de France 2.

D’autres magazines ont eu un succès parfois surprenant, comme «Affaire conclue», que Stéphane Bern avait refusé de présenter, sentant venir l’échec du programme, ou «Le Mag de la santé», sur France 5, qui consulte, tous les jours, depuis 1998.

La brosse à dents

Avec «N’oubliez pas votre brosse à dents», Nagui a redynamisé le divertissement sur France 2. Il se fait plaisir en produisant «Taratata», du live dont les artistes raffolent. Contrepied de «The Voice», la chaîne propose «Prodiges» qui met en valeur le talent de jeunes musiciens classiques.

En fiction, «Un gars, une fille» et «Clara Sheller» ont bousculé les codes, tout comme «Capitaine Marleau», nouvelle star des téléfilms français. «Plus belle la vie», sur France 3, ouvrira la voie des soap-opéras à la française qui pullulent désormais sur toutes les chaînes.

Féraud de jeux

France Télévisions a trouvé le gendre idéal pour animer la plupart de ses jeux : Cyril Féraud. L’animateur a un CV «Jeux télévisés» long comme un bras… Mais «Slam» est son coup de cœur quotidien.

«Envoyé spécial» et «Cash investigation» donnent leurs lettres de noblesse à l’information de qualité sur France 2. Et «C’est pas sorcier» a ramené sa science sur France 3, pour apprendre aux plus jeunes en s’amusant.

Une liste non exhaustive des succès de France Télévisions qui cache pourtant un regret : en 1987, le gouvernement préfère privatiser TF1 (plus rentable) au lieu d’Antenne 2. Depuis, le service public français court sans cesse derrière la chaîne privée, au lieu de donner le ton de la télé française. France.tv a ainsi raté le titre de première télévision d’Europe…

Cet article est paru dans le Télépro du 15/9/2022

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