Cartes postales : quatre grammes de mots…

Les «posts» numériques n’ont pas (encore ?) fait disparaître la carte postale ! © Getty

Qui a eu l’idée d’envoyer du courrier sans enveloppe ? Découvrez l’histoire de la carte postale.

«Le soleil est au rendez-vous. On pense bien à vous. Bons baisers.» Une image de plage, quelques mots au verso, un timbre, et c’est parti ! Il s’échange chaque année des millions de cartes postales à travers le monde. Mais d’où vient ce bout de carton qui voyage sans enveloppe ? Réponse samedi à 18h15, sur Arte, dans «Faire l’histoire».

Vol en ballon

L’idée de la carte postale est lancée en 1865 par un haut-fonctionnaire prussien. Son calcul est simple : un courrier sans enveloppe à poids fixe pourrait circuler pour un prix inférieur à un envoi ordinaire.

La proposition ne plaît pas à l’administration des postes, qui craint de voir ses recettes diminuer. L’Autriche trouve cependant l’idée séduisante. C’est donc dans l’empire austro-hongrois que circulent les premières cartes postales, en 1869.

Le concept ne convient pas à tous car à l’inverse des plis cachetés, la carte ne protège pas la confidentialité des échanges… Dès 1870, elle va pourtant prouver son utilité. Encerclée par les troupes prussiennes, Paris subit un siège de plusieurs mois.

Pour communiquer avec l’extérieur, on utilise des pigeons voyageurs et des ballons montés. Certains aéronefs peuvent transporter jusqu’à 300 kg de courrier, mais le règlement est strict : «le poids des lettres expédiées par aérostat ne devra pas dépasser 4 grammes». La carte postale s’impose donc. En Belgique, elle entre en circulation dès 1871.

Cartes illustrées

Quelques années plus tard, c’est encore Paris qui va booster la carte postale avec l’Expo universelle de 1889. Les cartes de la tour Eiffel se vendent à 300.000 exemplaires. Il faut dire que les cartons se sont enjolivés. Au départ, ce n’était que de simples rectangles de couleur crème. Peu à peu, ils sont illustrés. D’abord avec des gravures, puis avec des photographies. Le verso est réservé à l’adresse, tandis que le texte doit être rédigé côté image.

Ce n’est qu’en 1907 que le verso est divisé en deux parties : une pour l’adresse, l’autre pour le message. La carte postale rencontre un énorme succès car son apparition coïncide avec les débuts de l’alphabétisation généralisée. La scolarité devenue obligatoire, chacun est capable de prendre la plume.

Le succès de la carte illustrée provient aussi du fait qu’elle est parmi les premières photos entrant dans les foyers. Quand on a la chance de recevoir une image d’Ostende, on la conserve précieusement !

Souvenir de séjour

«Faire l’histoire» s’intéresse particulièrement au boom de la carte postale pendant la Première Guerre mondiale. Les armées comprennent vite que les hommes ont besoin de rester en contact avec leur famille pour garder le moral. Elles leur distribuent donc des supports dont l’envoi est gratuit.

Il s’est ainsi échangé entre 4 et 5 milliards d’exemplaires entre 1914 et 1918. Ces chiffres n’ont plus jamais été atteints, bien que le tourisme de masse ait relancé la carte illustrée dans les années 1970. Aujourd’hui, quand on poste une photo de vacances, c’est plus souvent sur Facebook…

Vente record

Il n’est pas rare que des cartes anciennes soient vendues 20 ou 30.000 € . La carte postale la plus chère a été adjugée pour 166.000 € . Il s’agissait d’une vue de la ville de Pau assez banale. Sauf qu’elle avait été envoyée à Apollinaire par son ami Picasso en septembre 1918.

Pour message, l’artiste avait «griffonné» un dessin cubiste au crayon-mine et à l’encre bleue… Non conforme, elle fut envoyée au rebut. L’écrivain ne la reçut jamais : il mourut de la grippe espagnole quelques mois plus tard…

Cet article est paru dans le Télépro du 4/11/2021

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