Histoire : à l’or du roi Midas

Image extraite du documentaire diffusé ce jeudi sur France 5 © France 5/Windfall Films Ltd

Qui était ce roi mythique capable de transformer tout ce qu’il touchait en or ?

Fin du XIXe siècle. Non loin d’Ankara, la découverte de la cité de Gordion – autrefois très riche – met les archéologues en émoi : et si le roi Midas, ce fameux personnage de la mythologie grecque, avait réellement existé ? Des inscriptions gravées de son nom, sur plusieurs monuments, situent son règne au VIIIe siècle avant notre ère en Phrygie (centre de l’actuelle Turquie). Une région regorgeant de nombreuses ressources naturelles… «La légende serait-elle teintée de vérité ?», s’interroge le documentaire de France 5 (jeudi, 21.00). Si le monarque aux mains d’or est en effet si célèbre, c’est avant tout pour les mythes dont il est… l’antihéros.

La soif de l’or

Son nom est indissociable de la cupidité. Mentionné par Hérodote, puis Plutarque, c’est Ovide qui fournit la version la plus élaborées du roi phrygien dans ses «Métamorphoses» (Ier siècle). Alors que Silène, satyre et précepteur du dieu Dionysos, se promène en état d’ébriété, il finit par se perdre dans les immenses jardins du roi Midas. Ce dernier décide néanmoins de lui offrir l’hospitalité.

Pour le remercier, Dionysos lui accorde un vœu. «Que tout ce que je touche se change en or !», s’empresse de répondre l’opulent monarque. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais, très vite, il découvre le revers de la médaille : impossible de se nourrir ou d’étancher sa soif. Tout ce qu’il porte à la bouche se change instantanément en or. Dans certaines versions, il transforme même sa fille, par inadvertance, en statue dorée.

Pactole maudit

Pour le délivrer de cette malédiction, le dieu du vin lui conseille de se purifier dans la source du fleuve Pactole, qui traverse la Lydie. On raconte que depuis ce jour, le cours d’eau charrie des paillettes d’or. D’où l’expression «toucher le pactole», signifiant «obtenir une grosse somme d’argent». Le précieux fleuve fit aussi la fortune de Crésus dont l’opulence est restée légendaire…

Belle ânerie !

Un autre mythe, moins connu, entoure Midas en raison de… ses oreilles d’âne qui firent de lui la risée de l’Antiquité. Chargé de départager le dieu Apollon et le satyre Marsyas (ou Pan, selon les versions) lors d’un concours de musique, il mise sur le mauvais cheval.

Piqué, «Apollon l’affuble de deux oreilles d’âne», explique le site Historia. «Pour cacher sa honte, le roi décide de se coiffer d’un bonnet couvrant, mais il est obligé de mettre une personne dans la confidence : son coiffeur. Le secret est trop lourd à porter et le coiffeur finit par creuser un trou pour confier sa révélation à la terre. Or des roseaux commencent à pousser et chuchotent le secret au vent qui, à son tour, le répète dans tout le royaume…» Furieux, Midas tue le félon et se suicide «en buvant du sang de taureau».

Vraie histoire

En réalité, le souverain aurait mis fin à ses jours pour ne pas subir l’affront de voir son royaume se faire envahir par les Cimmériens (vers -676). Pline l’Ancien rapporte, au I er siècle, que «le sang de taureau frais coagule et durcit rapidement lorsqu’il est encore frais». À l’image des mythes ayant figé la renommée du roi dans le temps… 

Cet article est paru dans le Télépro du 16/3/2023

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