Micro maison  : petite mais cossue !

Une «tiny house» ne ressemble pas forcément à une simple caravane résidentielle... © Getty
Aurélie Bronckaers
Aurélie Bronckaers Journaliste

Toute petite, mais aménagée comme une grande, la maison de 10 m2 est tendance…

C’est la tendance en Belgique et dans le monde depuis quelques années. Des propriétaires abandonnent leurs briques pour une «tiny house» (littéralement, petite maison). Lundi à 17h10 sur Arte, le magazine «Xenius» se focalise sur ces «habitations légères», leurs avantages et leurs inconvénients.

Bon marché

Les tiny houses, comme leur nom l’indique, ne sont parfois pas plus grandes que votre salle à manger. Mais qui dit petit logement, dit coût et empreinte écologique réduits ! Surtout si elles sont construites à partir de bois et de matériaux recyclés.

La facture d’électricité et d’eau est encore revue à la baisse si des installations telles que douche en circuit fermé, filtration d’eau de pluie ou panneaux solaires sont envisagés. Enfin, dans de tels espaces restreints, le minimalisme s’impose et les achats «inutiles» passent à la trappe ! C’est tout bénéfice.

Un petit rêve américain

Bien sûr, les petits habitats ont existé de tout temps à travers le monde : yourte, roulotte, tipi, chalet… Le consommateur occidental, lui, a pris l’habitude d’affirmer son statut social – réel ou prétendu – en faisant grossir sa maison. Tout en ayant de moins en moins d’enfants.

Face à cette posture, outre-Atlantique, une tendance naît au début des années 2000 qui promeut des constructions plus modestes, mais pas moins confortables. Celui qui la personnifie – Jay Shafer – a vécu dans trois tiny houses qu’il a dessinées et construites lui-même. Après avoir cofondé en 2002 la Small House Society, le jeune homme lance une entreprise de conception de maisons semblables à la sienne et dont les prix ne dépassent pas 30.000 $.

Les ravages de l’ouragan Katrina en 2005 et la crise financière de 2008 finissent par convaincre les derniers perplexes : la tiny house devient l’alternative économique et écologique crédible à l’habitat traditionnel. Le mouvement des micromaisons est né. Il lui faudra peu de temps pour être popularisé en Europe.

Comme une maison

Mesurant souvent de 10 à 40 m², les tiny houses coûtent entre 20 et 60.000  € , parfois moins, selon les matériaux utilisés et leur volume. Mais attention, aussi petites soient-elles, elles restent soumises aux mêmes contraintes urbanistiques que leurs grandes sœurs.

En Wallonie, elles nécessitent un permis d’urbanisme (permis de bâtir), même si le recours à un architecte n’est pas obligatoire. À Bruxelles, le permis n’est indispensable qu’au-delà de 9m². Elles doivent aussi se trouver en zone d’habitat, sinon interdiction de les occuper en permanence ! Il leur faut aussi respecter les contraintes découlant du décret relatif à la performance énergétique (PEB), quand elles font plus de 50 m².

Reconnaissance juridique

Depuis l’année dernière, les micromaisons, yourtes, roulottes, chalets… ont obtenu une reconnaissance juridique partielle. Pour le plus grand bonheur des 15.000 Belges concernés, en septembre 2019, la notion d’«habitation légère» intégrait le Code wallon de l’habitation durable. «Concrètement, pour être reconnue comme telle, elle ne peut être un bâtiment au sens du Code et doit répondre à au moins trois caractéristiques parmi les suivantes : démontable, déplaçable, d’un volume réduit, d’un faible poids, ayant une emprise au sol limitée, auto-construite, sans étage, sans fondation et qui n’est pas raccordée aux impétrants.»

Cela étant dit, pour trouver à s’appliquer, cet encadrement (et ses conséquences) doit être concrétisé par des arrêtés d’exécution spécifiques concernant les normes de sécurité, de salubrité et de surpeuplement. Ils sont en cours de discussion. 

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 7/5/2020

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