Stromae, absent de la scène mais productif quand même !

Stromae, absent de la scène mais productif quand même !
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Lors d’une interview croisée avec Karl Lagefeld, Stromae s’est confié avec beaucoup de sincérité au styliste allemand et à Libération sur ses problèmes de santé.

Dans une interview inattendue (Karl Lagerfeld refusant habituellement les entretiens croisés et Stromae ne répondant plus aux médias), Stromae a évoqué en toute transparence les problèmes qu’il rencontre depuis sa réaction au Lariam (l’antipaludique prescrit pour sa tournée africaine), sa relation à la musique et à la célébrité mais aussi ses projets.

Pour rappel, en juin 2015, Stromae annulait la fin de sa tournée «Racine carrée» en Afrique. La raison ? Une grave réaction à un médicament prescrit contre la malaria. Rapatrié d’urgences en Belgique, l’interprète de «Tous les mêmes» est hospitalisé à Gand. «J’aurais pu faire une connerie, je n’étais plus moi-même», a avoué l’artiste à l’époque. Il retournera malgré tout, en octobre de la même année, au Rwanda (terre natale de son père tué dans le génocide de 1994), pour terminer sa tournée à Kigali par le concert très attendu, mais source d’un stress important pour Stromae.

Décompensation psychique

Deux ans plus tard, on aurait pu croire que ses problèmes de santé étaient de l’histoire ancienne. Mais Paul van Haver, de son vrai nom, se faisait de plus en plus discret (il avait d’ailleurs annoncé vouloir faire une pause dans sa carrière), et pour cause, il semble en fait loin d’être guéri.

Réunis pour une interview exclusive par Libération et alors qu’ils abordent leur relation au travail, Stromae explique à Karl Lagerfeld que pour lui, le boulot était devenu une vraie pression : «J’étais arrivé à un stade où c’était devenu comme une obligation de ressortir un album, de remonter sur scène. J’ai eu besoin de dire non.»

Mais sa pause salvatrice est loin d’être de tout repos. Le chanteur doit encore se battre avec les effets secondaires provoqués par son traitement antipaludique. Il revient alors sur le déroulement de ses journées : «Généralement, elles commencent à midi. J’écris la nuit. Pour être honnête, j’ai été hospitalisé, donc là je suis encore un peu sous traitement, et c’est pour ça que je me réveille tard. J’ai fait une réaction au Lariam, un antipaludique, super super grave. J’ai fait une décompensation psychique. Je perds la boule complètement. C’est vraiment pas chouette. J’ai fait une rechute il n’y a pas longtemps. Alors je ne m’impose pas d’horaires compliqués.» (ndlr : lors d’une décompensation psychique, l’équilibre psychologique de la personne atteinte est rompu, il lui devient impossible de gérer les excès de tensions.)

Collaborations diverses

Interrogé par le styliste, Stromae explique comment se manifeste cette pathologie : «Ça tourne dans la tête, et on a de grosses crises d’angoisse. En dehors de ça, je suis assez facile à vivre. Je fais de la musique le soir, la nuit. Je n’aime pas qu’on me dérange au téléphone.»

Il semblerait donc que le grand retour de Stromae sur scène ou en studio ne soit pas pour tout de suite. Lorsque le styliste allemand lui demande s’il aime faire des concerts, l’artiste répond : «J’ai aimé mais plus maintenant. J’en ai fait trop : 210 en deux ans. C’était trop.» À ceux qui lui demandent quand sortira son prochain album, il répond qu’aujourd’hui, pour lui, le plus important est d’être bien avec lui-même. Et c’est tout le mal qu’on lui souhaite !

Le Belge n’a pourtant pas remisé la musique au placard : il continue de produire des clips pour d’autres artistes. Avec son collectif, ils ont par exemple réalisé celui de Major Lazer (en featuring avec Nicki Minaj et PartyNextDoor) pour la chanson «Run Up». Il y dénonce, avec dérision et humour, notre amour et notre addiction au smartphone. Et il ne s’agissait pas d’un coup d’essai, ils ont déjà réalisé le très esthétique «Coward» de Yael Naim. Dernièrement, il a également coécrit «Dommage» avec les deux frangins Bigflo & Oli, «Peine et pitié» et «Comme dab» avec Vitaa, titres pour lesquels il a également été le directeur artistique. Aujourd’hui, Orelsan vient d’annoncer sur son compte twitter l’impressionnante guest-list de son nouvel album «La Fête est finie» qui sortira le 20 octobre. Et surprise, le rappeur français interprètera le douzième titre du nouvel opus, intitulé «La Pluie», avec notre Stromae national !

Si sa musique n’est donc plus une priorité pour cet artiste au style bien affirmé, c’est alors du côté de la mode qu’il continue de se projeter. Avec Coralie, sa styliste et son épouse depuis 2015, il a cofondé Mosaert, une marque de prêt-à-porter haute en couleurs. L’envie de mixer dandysme, wax africaine et kawaï japonais a été concrétisée par cette styliste belge pour créer des tenues de scènes qui ont abouti à la création de leur propre marque de vêtements et accessoires : «On sortira la cinquième collection l’année prochaine avec notre premier défilé, qui sera plutôt un spectacle.»

Malgré tout, Stromae reste donc formidable.

Juliette Rousseau

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici