Offrez un Belge pour Noël !

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Edgar Kosma, scénariste du «Belge» : «Je me joue des clichés»

Existe-t-il un héros de BD qui condenserait avec humour et malice tous les aspects de la belgitude ? Oui ! Depuis septembre 2012, les lecteurs du Vif/L’Express ont rendez-vous chaque semaine avec «Le Belge», créé par l’écrivain Edgar Kosma et le dessinateur Pierre Lecrenier. En un strip, parfois d’une seule case, ce personnage s’amuse avec les clichés pour mieux en jouer. Rencontre avec le scénariste à l’occasion de la sortie d’une première compilation.

Comment Le Belge est-il né ?

L’envie de faire quelque chose sur ce personnage me tenait depuis quelques années. J’ai longtemps cherché un dessinateur, jusqu’à ce que je rencontre Pierre Lecrenier via un ami commun. Nous avons alors réalisé un pilote et l’avons proposé au Vif… qui a tout de suite accepté.

Un scénariste et un dessinateur, pour un strip par semaine, ce n’est pas courant dans le milieu du dessin de presse…

Oui, mais ça l’est en BD. Et pour nous, il est important que «Le Belge» soit considéré comme un projet de BD. Même s’il est publié dans un magazine. Et attention, l’album contient plus d’inédits que de dessins publiés ! Nous lui avons aussi ajouté un univers textuel, pour lui offrir une réelle plus-value et non se contenter d’une simple compilation.

Ou puisez-vous votre inspiration ?

Surtout dans le quotidien. Je suis auteur littéraire et faire fiction du quotidien est quelque chose de très important pour moi. J’ai envie de lui amener un côté un peu absurde, décalé, humoristique. «Le Belge» n’est pas un projet chauvin. J’ai voulu m’amuser des clichés : si le titre les appelle, c’est pour mieux m’en jouer après. Je ne voulais pas d’un personnage avec un gros ventre, qui boit de la bière et mange des frites, il m’en fallait un plus universel. J’essaie de trouver un équilibre, sans être méchant ou naïf.

Comment se déroule l’élaboration d’un gag ?

Schématiquement, je propose une idée chaque semaine à Pierre (texte et mise en situation), de manière textuelle ou avec un petit croquis. Et puis on en discute. Il est parfois arrivé qu’il ne comprenne pas du tout, qu’on change l’idée. On se met d’accord et il commence le dessin. On revalide avant l’encrage final. Certaines petites choses peuvent encore changer. Le processus entier pourrait se faire sur une journée, mais comme nous disposons d’une semaine, nous prenons le temps.

Comment définiriez-vous l’humour belge ?

C’est un jeu avec la logique et l’absurde. Les Belges manient le second degré très facilement. On naît un peu avec ça en Belgique. C’est culturel.

Votre Belge est peut-être belge, mais il n’est pas Flamand…

Et pourtant, j’ai récemment lu un commentaire sur Facebook : «Oui, Le Vif qui fait partie du groupe Roularta, qui est flamand, veut nous vendre un Belge flamand !» Étonnant ! Ça fait un peu «théorie du complot»… Alors qu’il s’agit d’un projet francophone, fait par des Belges francophones. Mais je vis à Bruxelles, dans le quartier flamand, j’essaie malgré tout de m’y intéresser. Mon Belge parle français, mais j’espère qu’il sera traduit en néerlandais. Je crois que le Wallon et le Flamand ont de nombreux points communs : le rapport à la voiture, aux vacances, au travail… à tout, quoi. A priori, le Belge est belge.

Il aime aussi se plaindre sans raison…

Nous vivons dans un des pays les plus riches du monde, mais nous nous plaignons toujours par rapport aux acquis. Nous mettons toujours la barre un peu plus haut et nous nous comparons à nos voisins.

Comptez-vous des lecteurs français ?

Pas mal, oui. Ceux qui vivent ici, surtout, comprennent bien et trouvent ça chouette. Et «Le Belge» est quand même publié chez un éditeur français (Delcourt, ndlr) !

Comment expliquez-vous qu’aucun auteur n’avait jamais pensé à ce Belge avant vous ?

Je me le demande encore ! Quand vous êtes sûr d’avoir trouvé une bonne idée, il y a toujours quelqu’un pour vous dire que cela existe déjà. Par contre, des BD un peu générales autour d’un personnage concept, ça existe. Mais que le titre «Le Belge» ait toujours été disponible, c’est étonnant, mais plutôt bien !

Quels sont vos projets ?

Au dernier Jeux de la francophonie à Nice, j’ai obtenu le 2e prix pour une nouvelle consacrée à un licenciement. J’ai donc envie de développer l’histoire de ce personnage et d’en faire un roman.

Entretien : Julien BRUYÈRE

À lire

«Le Belge», Edgar Kosma et Pierre Lecrenier, 15,50 € (Delcourt)

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