38e Festival d’humour de Rochefort : ce fut un grand cru !

38e Festival d’humour de Rochefort : ce fut un grand cru !
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

La 38e édition du Festival international d’humour de Rochefort s’est clôturée dimanche. Elle a été assurément un grand cru !

Au concours du tremplin du rire, Farah, une jeune humoriste belge et unique femme parmi les six candidats, a remporté le Grand prix décerné par un jury conquis et présidé par Cécile Giroud.

L’intrépide Timothé Poissonnet a raflé le prix de la Presse. Et le duo de percutants beaux gosses du rire, Kevin et Tom, s’est partagé les prix des jeunes, de la Fédération Wallonie-Bruxelles, des cabarets et du public.

Photo, de gauche à droite : Tom et Kevin, Farah et Timothé Poissonnet.

Farah : «Je suis féministe !»

Cette Bruxelloise a fait ses premiers pas sur scène voici trois ans. À 32 ans, Farah cultive un humour engagé au nom des filles qui ne laisse pas indifférent non plus les hommes. Cette jeune femme si discrète à la ville est une bombe de féminité sur scène. Brillante et cultivée, elle maîtrise haut la main ses sujets…

Rencontre avec le Grand prix du jury qui triomphe déjà dans les festivals chez nos voisins français et suisses avant de débouler, cet été, au Canada. Le vendredi 8 juin, elle assure sa première télé à «Signé Taloche» sur La Une !

Du Voo Rire à Performance d’acteurs à Cannes, combien de récompenses avez-vous déjà glanée ?

Plus d’une dizaine. Je ne les compte pas par superstition. Et pas question que je devienne une diva !

Fils d’une comédienne et d’un musicien, il est tombé tout petit dans la potion artistique. «Cela n’a pas été dur de convaincre mes parents», sourit-il. «J’assurais déjà à 3 ans les premières parties de mon père. J’attrapais une guitare en plastique et je faisais le show ! Je faisais marrer les gens et cela m’est resté.»

Un drone comme assistant

Après un parcours scolaire normal («les profs aimaient bien mes réflexions rigolotes mais me viraient de la classe de temps en temps»), il a pris des cours d’art dramatique chez le généreux Jean-Laurent Cochet. «Après avoir fait rire mes potes, j’ai déridé un public d’inconnus qui m’a trouvé drôle. J’ai pensé alors que j’avais fait le bon choix. Il m’est plus facile aujourd’hui de faire rire et surprendre des spectateurs que je ne connais pas que ma famille qui me connaît par cœur.»

Dans son one man show, ce garçon charismatique aime nous projeter dans le futur tout en revisitant l’histoire. «Nous évoluons dans une société frénétique, où tout va trop vite. J’imagine ce que nous serons dans le futur, je parle beaucoup d’écologie aussi.»

Il manipule habilement un drone et joue avec un vidéoprojecteur qu’il a dans la main. «Mon drone, Maurice, est mon assistant sur scène. J’utilise les nouvelles technologies au nom de l’humour. Avec la robotisation, Internet, de nouveaux boulots ont été inventés aussi. Desproges comme les Inconnus, Raymond Devos, Arnaud Tsamere, Molière, La Fontaine m’inspirent. J’ai été nourri par plein d’auteurs. Je n’ai pas envie qu’on me mette dans une case. Je suis un gars explosif qui parle de tous les sujets.»

Caroline Geskens

Vous avez gagné le Grand prix à Rochefort. Ce festival vous tenait-il particulièrement à cœur ?

Oui ! L’organisation me suivait depuis un festival à Bastogne, un des premiers auquel j’ai participé. J’ai passé le casting de Rochefort où j’ai été recalée. Cela faisait à peine cinq mois que je montais sur scène. Je me suis représentée et j’ai été intégrée alors dans les poulains du rire. Une initiative géniale puisque nous bénéficions du coaching professionnel de Marc Andréini. J’ai pu assurer aussi les premières parties d’Olivier de Benoist et Anthony Kavanagh à Rochefort. Et cette année, j’ai accédé au tremplin du rire. Décrocher le Grand prix, c’est un aboutissement, j’en suis extrêmement fière !

Quel a été le déclic pour décider de faire rire ?

La crise de la trentaine ! À 30 ans, j’ai fait tout ce qu’il fallait, j’ai étudié, j’ai eu mon diplôme, j’ai décroché un CDI dans une banque, je me suis acheté un appartement. Je me suis dit : «un jour tu seras vieille et incontinente, crée-toi des souvenirs et n’aie pas de regrets.» Je me suis lancée. Au pire, je n’étais pas faite pour cela.

D’accord, mais vous avez choisi l’humour, pas la peinture ou le macramé…

J’ai hésité avec le curling, mais cela me demandait trop d’effort, je n’étais pas prête ! Plus sérieusement, j’ai été toujours la petite rigolote, j’imitais enfant Elie Kakou, Dany Boon… J’aime rire et l’humour. Mais je trouvais cela tellement incroyable de faire rire des inconnus ! Faire rire sa famille et ses amis, c’est une chose. Être humoriste en est une autre. Et voilà, j’ai été piquée par le virus. De ma génération, j’ai eu un coup de foudre pour Florence Foresti. On peut être une femme et être drôle. Elle m’a fasciné.

Vous avez partagé beaucoup de plateaux avec de jeunes humoristes. Vous souvenez-vous de la première fois où le public est venu pour vous ?

C’était au Koek’s Théâtre en juin 2017. Un souvenir incroyable parce que j’y ai assuré pendant une heure durant plusieurs soirs ! La patronne du lieu, Patricia Bonnaventure, m’avait donné un grand coup de pied aux fesses pour que je sois fin prête ! Et je suis heureuse de revenir du 30 mai au 2 juin au Koek’s.

Dans votre robe noire et vos mini-bottillons, vous êtes hyper féminine et lumineuse sur scène pour balancer des points de vue de façon très cash. Vous considérez-vous comme féministe ?

Si on est pour l’égalité hommes-femmes, on est féministe. On peut être féministe, aimer le vernis et se maquiller. Être féministe, c’est avoir le droit d’avoir le choix, de mettre du rose ou pas. Ma féminité me sert pour mieux faire passer mes propos percutants et piquants. Forcément, une fille doit y mettre la forme si le fond est trash. Mais dans mon spectacle, je parle aussi de racisme et d’homophobie. J’assume ce que je dis.

Les femmes se marrent d’emblée. Mais avez-vous pris un bide un jour ?

Oh oui ! Cela fait partie du job, même si c’est très dur à vivre. On grandit plus avec des échecs que quand cela se passe bien. On se remet en question, on se demande comment s’améliorer. J’écris tous mes textes. Donc, je ne peux m’en prendre qu’à moi. Il y a eu des bides où je suis sortie de scène et je pleurais derrière le rideau. Il y a deux sortes de publics qui ne rient pas : un public calme et très attentif qui vous dit ensuite qu’il a passé un excellent moment, et le public qui vous fait comprendre que vous ne le faites pas rire, qui manifeste son désaccord. Il ne faut jamais lâcher la rampe.

Comment gérez-vous votre carrière professionnelle et la scène ?

La première année, j’ai caché ce que je faisais, même à mes amis. Cela fait à peine un an que j’ose dire : je suis humoriste. J’ai mis du temps. J’ai l’avantage de pouvoir recourir au télétravail. Mes collègues de la banque et la hiérarchie sont hyper bienveillants. Ils suivent mes actus et les partagent. Mes semaines sont chargées, mais j’aime tellement ce que je fais…

Une femme qui fait rire, l’homme est à moitié dans son lit ?

Ah ah ! Cela donne une femme qui fait rire, c’est tout. Une humoriste impressionne de prime abord. J’incarne une femme réfléchie qu’on n’a pas trop envie d’ennuyer, encore moins de chatouiller… Mais si on fait rire un homme intelligent, j’avoue, cela marche !

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Timothé Poissonnet : «Je suis un gars explosif»

Ce titi parisien défend la langue française. En prime, c’est un sacré casse-cou. Ex-rugbyman, Timothé Poissonnet (29 ans) saute sans sourciller d’un balcon avant de vous livrer sa vision du monde dans un spectacle hyper rythmé.

Couronné du prix de la Presse, il évolue comme humoriste depuis trois ans. «Et j’en vis depuis deux ans et demi. C’est mon 19e prix», confie-t-il fièrement.

Fils d’une comédienne et d’un musicien, il est tombé tout petit dans la potion artistique. «Cela n’a pas été dur de convaincre mes parents», sourit-il. «J’assurais déjà à 3 ans les premières parties de mon père. J’attrapais une guitare en plastique et je faisais le show ! Je faisais marrer les gens et cela m’est resté.»

Un drone comme assistant

Après un parcours scolaire normal («les profs aimaient bien mes réflexions rigolotes mais me viraient de la classe de temps en temps»), il a pris des cours d’art dramatique chez le généreux Jean-Laurent Cochet. «Après avoir fait rire mes potes, j’ai déridé un public d’inconnus qui m’a trouvé drôle. J’ai pensé alors que j’avais fait le bon choix. Il m’est plus facile aujourd’hui de faire rire et surprendre des spectateurs que je ne connais pas que ma famille qui me connaît par cœur.»

Dans son one man show, ce garçon charismatique aime nous projeter dans le futur tout en revisitant l’histoire. «Nous évoluons dans une société frénétique, où tout va trop vite. J’imagine ce que nous serons dans le futur, je parle beaucoup d’écologie aussi.»

Il manipule habilement un drone et joue avec un vidéoprojecteur qu’il a dans la main. «Mon drone, Maurice, est mon assistant sur scène. J’utilise les nouvelles technologies au nom de l’humour. Avec la robotisation, Internet, de nouveaux boulots ont été inventés aussi. Desproges comme les Inconnus, Raymond Devos, Arnaud Tsamere, Molière, La Fontaine m’inspirent. J’ai été nourri par plein d’auteurs. Je n’ai pas envie qu’on me mette dans une case. Je suis un gars explosif qui parle de tous les sujets.»

Caroline Geskens

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