Avec « La fille du Patron », Julie Gayet plonge dans le monde ouvrier

Avec "La fille du Patron", Julie Gayet plonge dans le monde ouvrier
AFP

Carmaux, la ville associée au combat des mineurs soutenus par Jean Jaurès, a inauguré jeudi soir son premier Festival du cinéma social et ouvrier avec une invitée de marque, Julie Gayet, venue présenter « La fille du Patron ».

La compagne de François Hollande a coproduit ce film écrit, mis en scène et interprété par Olivier Loustau, qui raconte d’abord une histoire d’amour entre un ouvrier chef d’atelier et la fille du patron.

« C’est la première devant un public et c’est très émouvant », s’est exclamée Julie Gayet, flanquée de Liza Azuelos, l’autre coproductrice, et de 14 autres acteurs et membres de l’équipe, dont Olivier Loustau.

Julie Gayet a mis l’accent sur l’importance de « tourner un film dans le monde ouvrier, un monde sous-représenté dans le monde cinématographique ».

« Ils sont sous-représentés et d’une manière qui ne me plaît pas », alors qu’ils constituent pourtant plus de 20% de la population en France, souligne Olivier Loustau, lui-même « fils d’ouvrier ».

Dans « La Fille du Patron », il raconte Vital, 40 ans, chef d’atelier d’une équipe de tricoteurs. Marié et père d’une petite fille, il tombe amoureux d’Alex (Christa Théret), 25 ans, venue à l’usine pour mener une étude ergonomique commandée par son père, le PDG de l’usine.

Elle choisit Vital comme « cobaye » mais succombe à son charme, au grand dam de tout son entourage.

C’est un « type qui choisit d’être individuel », explique M. Loustau. Avec lui, Alex cherche « à s’affranchir de son père ». Leur liaison est très vite découverte et ils ne s’en cachent plus.

-« Solidarité: arme de résistance massive »-

« Ce qui m’intéresse, explique Olivier Loustau, ce sont les conséquences de cette relation pour la société, pour le père qui perd sa lucidité de chef d’entreprise et provoque sa chute ».

Le film dresse un parallèle permanent entre l’osmose brisée de l’usine et la solidarité qui unit les employés se retrouvant deux à trois fois par semaine pour du rugby en équipe d’entreprise. Olivier Loustau multiplie notamment les gros plans de l’entraînement et de deux matchs.

« Le rugby, ce sont un peu les valeurs de l’entreprise: courage, ténacité, solidarité, abnégation, sacrifice », énumère le réalisateur, qui a fait tourné de vrais ouvriers comme figurants.

Arrivés en finale, alors que leur usine est en vente et leur avenir menacé, les ouvriers décident quand même de jouer. Vêtus d’un t-shirt noir de deuil, ils le font pour eux-mêmes, pour leur « dignité », explique le réalisateur. « Une manière de dire que la solidarité est une arme de résistance massive », dit-il encore.

Le tournage lui-même a été dur, puisqu’il a été réalisé dans une usine de Roanne (Loire), Bel Maille, condamnée à la fermeture.

La primeur du film, d’un coût de 2,5 millions d’euros, selon Julie Gayet, a été donnée le 20 septembre aux ex-ouvriers de Bel Maille en présence de toute l’équipe. Il sortira en salles début janvier.

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