Bébé royal: la presse britannique moins intrusive qu’avant

Bébé royal: la presse britannique moins intrusive qu'avant
AFP

Cachez ce bébé royal que je ne saurais voir: très intrusive par le passé, la presse britannique couvre, depuis la mort de Diana, l’actualité royale avec une distance respectueuse, dont profitera également le dernier-né attendu sous peu.

Lorsque le prince William et son épouse Kate vont apparaître, comme le veut la tradition, sur le perron de l’hôpital St Mary, avec leur nouveau-né dans les bras, les photographes du monde entier auront quelques minutes pour se déchaîner.

Et faire le plein d’images, avant que le rideau tombe de nouveau pour de long mois, si l’on en croit l’exemple du frère aîné.

George, le premier enfant du couple, approche allègrement de ses deux ans. Mais hormis quelques rares photos très officielles et des sorties publiques encore plus rares, son intimité est parfaitement protégée… et respectée.

Des barrières de sécurité ont été érigées devant l'hôpital St Mary's à Londres où la duchesse Kate doit accoucher à la fin du mois, le 17 avril 2015

« Les gens ont peut-être une idée un peu obsolète de la meute de correspondants royaux. Ils pensent qu’on continue à se cacher dans les buissons comme il y a vingt-cinq ans. La réalité c’est que la presse britannique est devenue très respectueuse envers la famille royale, frileuse même, diront certains », souligne Richard Palmer, correspondant royal pour le Daily Express.

Ce ne fut pas toujours le cas, notamment dans les folles années 1980 où les frasques des jeunes « royals » ont fait le miel de la presse à scandales.

La mort de Lady Diana dans l’accident d’une Mercedes pourchassée par les paparazzi, en 1997 à Paris, a tout changé. Traquer la famille royale comme avant est dès lors devenu impossible car jugé indécent.

« Les journaux étaient soucieux de ce qu’allaient penser leurs lecteurs. Ils craignaient qu’ils disent: oh mon Dieu, va-t-on infliger à ce couple (Kate et William) le même traitement que celui infligé à Diana? », analyse Palmer.

« Les lecteurs ne veulent pas qu’on aille trop loin », abonde Simon Perry, correspondant à Londres pour le magazine américain People.

– Introuvables photos volées –

Dans un réflexe défensif, les médias ont donc mis la pédale douce. En parallèle, une formidable machine de communication s’est mis en branle du côté de Buckingham et Kensington Palace pour verrouiller l’accès à la reine, aux princes et aux princesses, et contrôler leur image, parfois jusqu’à l’excès.

Le prince William et Kate à Liège le 4 août 2014

Trouver une photo volée de William, Kate ou de « gorgeous » George dans la presse britannique est devenu rarissime. Lorsque des clichés de la Duchesse seins nus en Provence sont apparus dans un magazine français en 2012, ce fut la panique. Mais si internet permet d’abolir certaines frontières et que le public britannique a donc eu accès à ces images, personne n’a osé les publier au Royaume-Uni.

« Les photos de paparazzi se vendent en Europe ou aux Etats-Unis mais plus ici. Beaucoup de photographes ont perdu un moyen de faire de l’argent », souligne Judy Wade, correspondante royale du magazine Hello!

Les rares tentatives sont vite découragées. Un photographe, soupçonné de suivre le petit George et sa nounou espagnole dans les parcs de Londres, a aussitôt reçu une mise en demeure des parents.

Le jeune couple est particulièrement jaloux de son intimité. Tout comme son frère Harry, le prince garde une forte rancoeur envers la presse. « A ses yeux, elle est responsable » de la mort de sa mère, souligne Judy Wade.

Plus beaucoup de photos indiscrètes donc, et presque plus de mots non plus, depuis l’éclatement au grand jour, en 2011, du scandale des écoutes téléphoniques, qui a conduit à la fermeture du tabloïd de Robert Murdoch, The News of the World.

La mise sous verrous de plusieurs journalistes, reconnus coupables d’avoir piraté les boîtes vocales de Kate et William, ont fini par convaincre la presse britannique que les temps avaient décidément changé.

Depuis, l’actualité royale est surtout commentée sous un angle résolument positif, avec un ton qui frise parfois la révérence.

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