Claude François, le mal aimé à l’insolente postérité

Claude François, le mal aimé à l'insolente postérité
AFP

Quarante ans après sa mort, toutes les générations chantent et dansent encore sur les succès de Claude François. Une postérité aux allures de revanche pour ce chanteur mal-aimé, selon un documentaire de France 3, diffusé le 16 février, à 20H55, en prime time.

Le lendemain de la disparition du chanteur à paillettes, électrocuté dans sa salle de bains le 11 mars 1978 à l’âge de 39 ans, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre les studios de Michel Drucker, Libération titre en une « Claude François a volté ».

« Rien ne pouvait réconcilier ce chanteur populaire et l’intelligentsia parisienne. Il était de bon ton de ne pas l’aimer. Il a été raillé au-delà de la mort », soulignent François Chaumont et Laurent Portes, auteurs du documentaire nourri de témoignages et d’images d’archives le plus souvent inédits.

De son enfance en Egypte aux années de gloire, en passant par ses débuts difficiles en 1961, la trajectoire singulière de l’artiste est racontée avec les codes d’une dramaturgie, renouvelant sans cesse le récit.

De son vivant, Claude François a vendu 35 millions de disques. Depuis sa mort, plus de 30 millions d’albums supplémentaires se sont écoulés, à raison de plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires chaque année, selon Fabien Lecoeuvre, représentant des ayant-droits du chanteur, ses deux fils Claude Jr et Marc François.

« Comme un certain nombre, j’avais un profond rejet à l’époque pour les chansons de Claude François. J’étais plutôt versant Léo Ferré. En me penchant sur son histoire personnelle et sa carrière, j’ai été émue », confie à l’AFP Rachel Kahn qui a produit ce long documentaire pour France 3.

« Le retour précipité en France de toute la famille lors de la crise de Suez a été vécu par lui et son père comme une descente aux enfers. Toute sa vie, Claude François a cherché à se faire aimer. 40 ans après, on chante toujours ses chansons et il reste le roi des «dance-floors». Des décennies après, ni vos pairs, ni les critiques ne vous font vivre. Seul le public vous rend immortel », ajoute-t-elle.

Citizen Claude

Après sa rupture avec France Gall, Claude François et Jacques Revaux composent « Comme d’habitude », la chanson française ayant connu la plus grande diffusion internationale, avec l’adaptation de Paul Anka et la reprise de Frank Sinatra.

Nourri de nombreuses interviews oubliées de Claude François, le documentaire revient sur la quête de gloire, d’amour et de la femme parfaite, marquée à chaque rupture par un tube.

Le chanteur se transformera aussi en « Citizen Claude », un patron mégalomane régentant tout, capricieux, colérique et outrageusement dépensier, « avec la saveur amère du succès quand tout le reste lui a été sacrifié », estiment les auteurs du documentaire.

Devenu rapidement indépendant en créant sa propre maison de disques, Claude François gèrera jusqu’à sept sociétés simultanément, notamment son magazine Podium, un parfum à son nom et une agence de mannequins, Girls Models. Les poignées de la porte principale de ses bureaux sont ses initiales géantes.

« Je suis le mal aimé. Les gens me connaissent, tel que je veux me montrer mais ont-ils cherché à savoir d’où me viennent mes joies ? Et pourquoi ce désespoir caché au fond de moi », chante-t-il en 1974, quatre avant sa disparition brutale.

Vendredi dernier, La Une avait déjà diffusé un documentaire sur l’icône de la chanson populaire vue par ses proches, avec le témoignage exclusif de Julie, « fille cachée » de Claude François née en 1977, et dont l’existence est connue des fils du chanteur depuis plusieurs années.

Pas moins de cinq biographies sont également annoncées, sans oublier plusieurs compilations dont la première intégrale réunissant tous ses albums, de 1961 à 1978.

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