Depardieu : célébrités en soutien, associations et féministes scandalisées

L'acteur Gérard Depardieu, le 18 février 2018 à Marseille © AFP/Archives ANNE-CHRISTINE POUJOULAT

Nathalie Baye, Carole Bouquet ou Charlotte Rampling : une soixantaine de célébrités dénoncent mardi un « lynchage » de Gérard Depardieu après un reportage choc, un soutien dénoncé par des féministes et collectifs contre les violences sexuelles.

Outre les actrices déjà citées, des personnalités comme le réalisateur Bertrand Blier, les acteurs Jacques Weber, Pierre Richard et Gérard Darmon, les musiciens et musiciennes Roberto Alagna, Carla Bruni, Arielle Dombasle et Jacques Dutronc, ont signé cette tribune publiée dans Le Figaro.

« Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma », écrivent-ils. Les signataires ne peuvent « plus rester muets face au lynchage qui s’abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne (…) au mépris d’une présomption d’innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s’il n’était pas le géant du cinéma qu’il est ».

« Lorsqu’on s’en prend ainsi à Gérard Depardieu, c’est l’art que l’on attaque. Par son génie d’acteur, Gérard Depardieu participe au rayonnement artistique de notre pays », ajoutent-ils.

« Je trouve que c’est très courageux de la part des signataires », a réagi le comédien, contacté par RTL, ajoutant ne pas être à l’origine de ce texte et avoir simplement autorisé son auteur Yannis Ezziadi à le publier

Proche de la fille de l’acteur Julie Depardieu, ce comédien, également éditorialiste au magazine conservateur Causeur, a exprimé auprès de l’AFP son inquiétude face à l’ampleur des réactions aux « blagues » entendues dans le reportage « Complément d’enquête » diffusé récemment et qui a provoqué une onde de choc. Yannis Ezziadi veut ainsi dénoncer une « idéologie de terreur, de chasse aux sorcières ».

« Crachat au visage des victimes »

De quoi raviver la colère des associations féministes.

« C’est une tribune très pédagogique. Ce que l’on voit, c’est comment un entourage va s’organiser et utiliser des arguments tels que +c’est un monstre sacré, c’est un génie+ pour protéger quelqu’un », éclaire pour l’AFP la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert.

Emmanuelle Dancourt, cofondatrice de #MeTooMedias, s’est dite « atterrée ». « J’ai l’impression qu’il y a une incompréhension quand j’entends parler de torrent de haine qui se déverse sur Depardieu… Il n’y a jamais de vengeance (de la part des plaignantes, NDLR) mais un besoin de protéger les autres », a-t-elle souligné sur BFMTV.

« C’est un crachat au visage des victimes de violences », a réagi auprès de l’AFP le collectif « Nous Toutes ».

« On ne comprend pas que le monde de la culture se mobilise, il faudrait utiliser cette voix pour soutenir les victimes », selon Tatiana, militante du collectif.

L’association Les Papillons, qui recueille la parole d’enfants victimes de violences, a elle mis fin au rôle d’ambassadeur de Pierre Richard.

« Chasse aux sorcières »

« Pourquoi (Depardieu) serait-il protégé juste parce que c’est une personnalité importante ? Et derrière ça, on a des jeunes femmes qui ont subi des agressions, des viols qui vont les marquer à vie. Pourquoi elles n’auraient pas le droit justement d’avoir une justice ? », questionne pour sa part Anaelle Dupont, étudiante, interrogée à Paris par l’AFP.

« Tant qu’il n’est pas jugé, on ne peut pas non plus l’attaquer et le descendre. Mais, par contre, il ne faut pas que ça dure trop d’années avant qu’il soit jugé », ajoute Mélanie Barroso, auto-entrepreneuse.

Cette tribune est la dernière mobilisation en date du clan Depardieu, après celle des membres de sa famille dans le JDD et des prises de parole de sa fille Julie ou de son ex-compagne Carole Bouquet à la télévision.

Le président de la République Emmanuel Macron a également apporté son soutien au comédien, dénonçant une « chasse aux sorcières ».

Sur les images de « Complément d’enquête », Gérard Depardieu — mis en examen à la suite d’une des deux plaintes dont il fait l’objet en France et qui réfute ces accusations — multiplie les propos misogynes et insultants en s’adressant à des femmes, n’épargnant pas une fillette.

Depuis, sa statue de cire a été retirée du musée Grévin à Paris. Il a été radié de l’Ordre national du Québec et de son titre de citoyen d’honneur de la commune d’Estaimpuis (Belgique).

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